La session parlementaire qui a pris fin vendredi a mis un terme à une année qui « n’a pas été facile », admet François Legault. Alors que les Québécois vivent les contrecoups de la hausse du coût de la vie, le premier ministre a accumulé les controverses. Voilà qu’il voit maintenant le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, le dépasser dans les intentions de vote. Relégués aux derniers rangs, les libéraux et Québec solidaire peinent à se démarquer. Ils misent sur 2024 pour marquer des points.

« Ça va être dur », prévoit Legault

François Legault ne se fait pas d’illusions. « Je m’attends à ce que ça soit dur dans les prochaines semaines et les prochains mois », analyse le premier ministre, alors qu’il termine la session parlementaire en imposant un bâillon pour adopter le projet de loi 15, sa réforme mammouth du système de santé.

Malgré les hauts cris de l’opposition, il n’était pas question pour lui de repousser son adoption à 2024. « Il y a toujours une grande résistance aux changements, […] mais je considère qu’on a été élus pour ça », affirme-t-il.

Jeudi, le gouvernement a également adopté le projet de loi 23, une deuxième réforme des structures en éducation depuis qu’il est au pouvoir. L’adoption du projet de loi en habitation devra attendre à l’an prochain.

Maintenant que ces deux mesures législatives majeures en santé et en éducation sont mises en place, combien de temps faudra-t-il pour qu’elles donnent des résultats ? « Vous me jugerez en 2026. On a trois ans devant nous », répond M. Legault.

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Le premier ministre, François Legault, approche de son lutrin en marge de la période des questions au Salon bleu de l’Assemblée nationale.

En vue du prochain rendez-vous électoral, le chef de la Coalition avenir Québec veut dissiper les doutes. Il réitère une fois de plus qu’il veut obtenir un troisième mandat. Pourtant, par le passé, le chef caquiste a toujours affirmé qu’il allait se présenter s’il avait la santé et l’appui de la population. Alors que cette deuxième variable vacille, pourquoi confirme-t-il déjà sa place sur la ligne de départ ?

Je veux être là en 2026. […] Je sens un certain support dans mon caucus. Des gens m’ont demandé de le confirmer et d’arrêter de mettre des conditions.

François Legault. premier ministre du Québec

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, promet qu’il va au moins terminer son mandat. Le « superministre » de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a déjà laissé entendre qu’il ne se représenterait pas en 2026.

Au sujet des sondages, François Legault affirme qu’il n’est pas « en politique pour gagner un concours de popularité ». Les derniers mois ont en effet marqué le premier recul de son parti dans la région de Québec, où il a perdu l’élection partielle dans la circonscription de Jean-Talon au profit du Parti québécois.

Si son gouvernement s’est empêtré dans les derniers mois avec des dossiers épineux, comme la hausse du salaire des députés et la subvention aux Kings de Los Angeles, le chef caquiste regarde du côté de la filière des batteries pour retrouver le sourire.

« On est en train, vraiment, de préparer l’économie du Québec pour les prochaines générations. […] Je trouve ça très emballant », dit-il.

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Le chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, lors de son point de presse de fin de session

Les libéraux misent sur… 2025

Incapables de remonter dans les intentions de vote, les troupes libérales ont les yeux rivés sur… 2025.

Sans renoncer à la prochaine année, au cours de laquelle les libéraux promettent de s’investir dans leur travail d’opposition officielle, le chef par intérim Marc Tanguay analyse qu’il y a « des cycles » en démocratie, suggérant à ses troupes un peu de patience.

Nous avons une séquence devant nous. Nous aurons l’occasion, au printemps 2025, d’être au terme d’une course à la chefferie […]. Dans l’intervalle, la relance du parti, elle a débuté.

Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec

D’ici là, « l’énergie est là », affirme M. Tanguay. « On est fait solide, au Parti libéral du Québec. Amenez-en, des défis, amenez-en, des défis », lance-t-il.

« La CAQ, c’est comme un GPS qui est constamment en “recalcul en cours”, sans jamais nous guider avec une vision claire », dénonce-t-il.

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Le chef parlementaire et co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, lors de son point de presse de fin de session

Une session « haute en couleur »

Gabriel Nadeau-Dubois l’admet : la dernière session a été « haute en couleur » pour Québec solidaire. Que ce soit la publication du livre de Catherine Dorion – dans lequel elle critique durement son leadership –, la « balloune » de Sol Zanetti au Salon bleu ou encore l’insulte du leader parlementaire Alexandre Leduc à l’endroit du ministre Simon Jolin-Barrette, il y a eu de la « turbulence ».

Il ne croit cependant pas que la population lui en tienne rigueur. Au contraire, M. Nadeau-Dubois estime que son caucus a été « résilient ».

Malgré un plafonnement dans les sondages, M. Nadeau-Dubois estime que le dernier congrès de sa formation marque « un point tournant » avec l’élection de la députée défaite de Rouyn-Noranda–Témiscamingue en 2022, Émilise Lessard-Therrien, au poste de co-porte-parole, où elle succède à Manon Massé. C’est aussi lors de ce congrès que M. Nadeau-Dubois a reçu l’appui de 90,1 % des délégués, qui lui donne les coudées franches.

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Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, lors de son point de presse de fin de session

Le projet de souveraineté expliqué en 2024

Galvanisé par des sondages favorables (le Parti québécois dépasse la CAQ dans les intentions de vote, selon deux sondages consécutifs), Paul St-Pierre Plamondon mènera en 2024 une tournée « aux quatre coins du Québec » pour « bien expliquer, bien répondre à toutes les questions sur ce que permet un Québec indépendant ».

S’il a présenté en octobre son budget de l’an 1 d’un Québec souverain, le PQ présentera en 2024 sa réplique à l’Initiative du siècle, qui fait la promotion d’une croissance soutenue de l’immigration au Canada.

M. St-Pierre Plamondon n’a pas voulu s’engager vendredi à présenter les détails de la « mécanique référendaire » avant le scrutin de 2026. Le début de session a aussi été marqué par un gain historique dans Jean-Talon, avec l’élection de l’avocat Pascal Paradis, ce qui a permis au parti d’avoir un quatrième député. « C’est encourageant », a simplement résumé le leader péquiste.