(Québec) Lumière au bout du tunnel pour des centaines de milliers de parents québécois : les enfants pourraient être de retour en classe dès lundi prochain, selon François Legault, qui fait valoir que la négociation avec les profs en grève « va très bien ». C’est faux, rétorque la Fédération autonome de l’enseignement.

« J’ai bon espoir que tous les enfants vont retourner à l’école, dès lundi qui vient », a lancé le premier ministre à son arrivée mercredi à l’édifice Honoré-Mercier, qui abrite ses bureaux.

« D’abord ça va bien, très bien avec les enseignants, on se parle de la lourdeur de la tâche, de comment on peut ajouter des gens dans les classes. Ça va très bien », a souligné M. Legault, ajoutant que le retour en classe le plus rapidement possible est « très important » pour lui et les enfants.

La réplique de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) n’a pas tardé.

« Contrairement à ce que dit François Legault, les nouvelles à la table ne sont pas encourageantes. Le gouvernement souffle le chaud et le froid. Il nous promet de l’ouverture pour ensuite refermer la porte aussitôt. La stratégie du gouvernement est clairement de diviser le mouvement et d’épuiser les profs », écrit le syndicat sur les réseaux sociaux.

« Ne montez pas dans les montagnes russes de François Legault », lit-on aussi.

Une entente avec la FAE d’ici la fin de semaine ?

La présidente du Conseil du trésor partage pour sa part l’optimisme du premier ministre.

Je considère présentement qu’on a tout sur la table, tous les éléments essentiels pour trouver un règlement le plus rapidement possible. Je vous dirais que la fin de la semaine, c’est réaliste d’y penser.

Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor

Mme LeBel estime que « des avancées très importantes » sont survenues aux tables, notamment au niveau de la composition de la classe et sur la façon « d’évaluer la lourdeur de la tâche […] avec de l’aide et des compensations à la clé ».

« On a aussi fait des pas très importants de notre côté, des avancées, je pense que c’est du jamais vu […] sur les pédagogiques, les récréations et le temps de nature personnel […] ce qu’on veut faire, c’est de donner le plus d’autonomie possible aux enseignants et de les dégager de tâches qui leur permettrait de se concentrer pleinement sur l’enseignement », a expliqué Mme LeBel.

Au niveau du front commun syndical, qui compte également parmi ses membres du personnel scolaire et des enseignants, « c’est à géométrie variable », a soutenu Mme LeBel. « Avec le front commun, ça avance et je pense que c’est réaliste de pouvoir trouver des voies de passage et dégager des ententes d’ici la fin de l’année. Et on continue de pousser dans ce sens-là », a-t-elle ajouté.

Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux mardi en soirée, la présidente de la FAE, Mélanie Hubert avait déjà un autre ton que celui du gouvernement.

En matière de négociation, « les jours se suivent et ne se ressemblent pas toujours », a expliqué Mme Hubert.

« [Lundi], en fin de journée, la partie patronale a déposé des textes en prévision du lendemain et [ils] ne reflétaient pas nécessairement ce qui s’était dit lundi dans la journée. […] Ils ne représentaient pas nos idées », dit Mélanie Hubert.

« On est retombés un petit peu dans le même mode qui est le nôtre depuis un certain temps, c’est-à-dire le bon vieux réflexe : “c’est au syndicat de nous faire un retour maintenant” », ajoute-t-elle Mélanie Hubert.

« L’urgence, c’est que ça débloque aux tables », affirme-t-elle néanmoins, disant avoir encore espoir d’une entente avant Noël.

Les quelque 65 000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) sont en grève générale illimitée depuis le 23 novembre. La pression s’accentue depuis les derniers jours sur les parents et sur les membres syndiqués qui ne disposent pas de fonds de grève. Des voix s’élèvent également sur les effets de la grève qui se prolonge sur l’apprentissage des enfants et des adolescents.

Santé : des négos « très difficiles »

Par contre, François Legault a laissé savoir que les négociations avec les syndicats représentant les travailleurs de la santé sont « très difficiles ».

« Il n’y a peu près aucune ouverture à nous donner la flexibilité qui est absolument nécessaire pour améliorer les services en santé, donc de ce côté-là, je pense que ça va aller en janvier », a lancé le premier ministre sans nommer un syndicat en particulier.

Pour la FSSS-CSN, qui représente plus de 120 000 travailleuses dans le réseau, le premier ministre met « de l’huile sur le feu ».

« Depuis des semaines, chaque déclaration du premier ministre nuit à la négociation. Il déforme sans cesse la réalité. Ceux qui sont inflexibles à la table, c’est le gouvernement. Ça fait des mois qu’ils ne veulent pas bouger d’un iota sur leurs priorités. Ce n’est pas négocier ça ! Des solutions pour améliorer le réseau, nous en avons plusieurs à la table », a expliqué le président, Réjean Leclerc.

Mme LeBel a ciblé précisément la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

« Si on acceptait toutes les demandes de la FIQ en ce moment, on devrait doubler le 9 milliards de dollars qui est sur la table en ce moment. C’est irréaliste, on n’ira pas à 18 milliards de dollars par année d’investissements. […] On a aussi encore des demandes qui feraient en sorte qu’au lendemain de la signature, il faudrait ajouter des milliers et des milliers d’employés dans le domaine de la santé », a-t-elle déploré.

« Il faut constater malheureusement qu’avec la FIQ, on est un peu plus loin », a ajouté Mme LeBel.

La FIQ – le plus important syndicat d’infirmières – a déposé une contre-offre au gouvernement Legault, il y a trois jours.