(Ottawa) Cinq députés libéraux fédéraux demandent aux directions de 25 universités canadiennes de préciser clairement si le fait d’appeler à « un génocide contre le peuple juif » ou à « l’élimination de l’État d’Israël » viole le code de conduite de leur établissement.

La lettre, partagée en ligne par le député montréalais Anthony Housefather, intervient dans un contexte de montée de l’antisémitisme depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, y compris sur les campus universitaires.

L’ancien ministre de la Justice David Lametti, la députée montréalaise Anna Gainey, le député de Winnipeg Ben Carr et l’ancien ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino ont également signé la lettre. Les députés Housefather et Carr sont de confession juive.

La lettre indique que les cinq députés ont entendu des étudiants de leurs circonscriptions qui disent avoir été harcelés par leurs camarades d’université ou « soumis à des environnements hostiles dans certaines salles de classe ».

Les directions d’universités américaines ont été confrontées à des questions similaires lors de récentes audiences du Congrès concernant l’antisémitisme sur les campus.

L’ancienne présidente de l’Université de Pennsylvanie Liz Magill a démissionné dans la controverse après avoir déclaré aux élus qu’un tel appel au génocide du peuple juif « dépendrait du contexte ». Elle avait précisé le lendemain qu’un tel appel serait considéré comme du harcèlement ou de l’intimidation.

« Nous ne croyons pas qu’un contexte quelconque soit nécessaire pour confirmer que l’appel à l’éradication d’un groupe identifiable constitue du harcèlement, de l’intimidation et de l’incitation à la haine, et mérite les mesures disciplinaires les plus sévères dont dispose une université », peut-on lire dans la lettre des députés libéraux fédéraux.

Comité des Communes

Les députés demandent aux rectrices et recteurs canadiens de répondre à leur question par écrit d’ici le 20 janvier et de préciser les mesures prises depuis le début de la guerre au Proche-Orient, le 7 octobre, pour protéger les étudiants juifs confrontés à des « milieux hostiles ». Les députés prévoient de soumettre ensuite ces réponses à un comité des Communes.

« Alors qu’un campus universitaire devrait être un sanctuaire sûr, on entend plutôt des étudiants juifs qui ont peur d’aller sur le campus ou dans certaines classes, peut-on lire dans la lettre. C’est totalement inacceptable. »

Les universités canadiennes ont du mal à gérer les tensions entre partisans des deux camps sur leurs campus depuis le début de la guerre au Proche-Orient.

À Montréal, l’Université Concordia a été le théâtre de violences entre militants pro-israéliens et propalestiniens sur le campus du centre-ville le 8 novembre dernier. Une étudiante a été arrêtée et trois personnes ont été blessées – deux gardiens de sécurité et un étudiant.

L’Université McGill a demandé à un groupe appelé « Solidarité pour les droits humains des Palestiniens McGill » de supprimer de son appellation la référence à l’université montréalaise. Cette association avait qualifié d’« héroïques » sur les réseaux sociaux les attaques surprises du Hamas contre Israël le 7 octobre.

Quatre groupes d’étudiants propalestiniens, dont celui-là, ont ensuite répliqué en affirmant qu’ils ne célébraient pas la violence, mais plutôt « envisageaient la perspective d’une libération » de la Palestine.

Les députés ne citent pas d’université ou d’incident précis dans leur lettre, mais ils affirment que de nombreux étudiants ont dû croiser sur les campus des manifestants « qui demandent l’élimination du seul État juif majoritaire au monde ».

« Depuis le 7 octobre, nous avons vu des coups de feu tirés sur des écoles juives, des attentats à la bombe dans des établissements juifs, des menaces de boycottage contre des entreprises appartenant à des Juifs et des rapports dans tout le pays selon lesquels des étudiants juifs ne se sentant pas en sécurité sur leur campus », lit-on dans la lettre.

« Cela s’est accompagné d’un manque d’action de la part des dirigeants universitaires pour protéger les étudiants juifs. »