(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau ouvre la porte à l’inscription du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) de l’Iran à la liste des entités terroristes du Canada.

Il a fait part de cette ouverture au quatrième anniversaire de l’écrasement d’un appareil civil de la compagnie Ukrainian International Airways. Celui-ci a été frappé par deux missiles sol-air lancés par le régime iranien alors qu’il venait de décoller de l’aéroport de Téhéran, le 8 janvier 2020.

« Nous allons poursuivre notre travail, y compris en continuant de chercher des moyens d’inscrire le CGRI de manière responsable sur la liste des entités terroristes », a-t-il lancé à la cérémonie de commémoration qui se tenait à Richmond Hill, en Ontario, lundi.

PHOTO CHRIS YOUNG, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau marche devant des photos des victimes de l’écrasement du vol PS752.

Déjà, en vertu des sanctions annoncées contre Téhéran, il y a plus d’un an, 141 enquêtes ont été ouvertes, et des procédures ont été intentées à l’endroit d’une dizaine de personnes, avait tout juste avant annoncé Justin Trudeau devant un parterre de proches endeuillés et de dignitaires.

Dans un discours d’ouverture, une représentante des victimes du vol PS752 avait réitéré la demande d’inscrire le CGRI à la liste canadienne des entités terroristes. Ce passage de l’allocution, qui précédait celle du premier ministre, a été le plus applaudi.

Les conservateurs pressent depuis des années les libéraux d’ajouter le bras armé du régime iranien à la liste noire. Le gouvernement Trudeau n’a jamais dit non à l’idée, appuyant une motion en ce sens aux Communes en juin 2018, mais il n’est jamais allé de l’avant non plus.

Au bureau du premier ministre, on n’a pas fourni de précisions sur la déclaration faite lundi après-midi.

Désigner le CGRI comme entité terroriste imposerait aux agences de renseignement canadiennes un fardeau colossal, selon ce qu’a indiqué Thomas Juneau, professeur agrégé en Affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa, en septembre 2022.

Démarches judiciaires contre l’Iran

Le vol PS752 s’est écrasé à 6 h 18, heure locale, il y a quatre ans.

Parmi les 176 victimes, 138 entretenaient des liens avec le Canada.

Le Canada fait partie d’un groupe de quatre pays dont des ressortissants ont perdu la vie dans la tragédie, avec le Royaume-Uni, la Suède et l’Ukraine.

En juillet 2023, le quatuor a poursuivi la République islamique devant la Cour internationale de Justice de La Haye, aux Pays-Bas.

Lundi, ils ont décidé d’instiguer un nouveau recours contre Téhéran, cette fois, devant l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), pour « son incapacité à s’abstenir de recourir à l’utilisation d’armes contre un aéronef civil en vol ».

« Et donc, nous avons maintenant deux causes, dans deux juridictions, en vertu de deux lois, contre l’Iran. L’Iran doit assumer l’entière responsabilité, et assurer un dédommagement complet, pour l’écrasement », a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

« Le monde doit savoir ce qui est arrivé le 8 janvier 2020 », a-t-elle martelé à Richmond Hill.