(Montréal) Le Québec connaît une hausse marquée du nombre de personnes en situation en itinérance et le manque de logement y contribue. Face aux enjeux criants reliés à l’itinérance, Québec solidaire (QS) demande au gouvernement Legault de présenter une stratégie conjointe en itinérance et en logement pour 2024.

Dans un communiqué publié dimanche matin, QS affirme que les ressources n’ont pas les moyens de régler la crise de l’itinérance toutes seules. Il souligne qu’on voit des campements un peu partout au Québec et qu’il y a un manque de place en refuges.

La formation fait état de campements dans des villes comme Joliette, Drummondville, Granby, Trois-Rivières, Rouyn-Noranda et Saint-Georges.

« Dans les grands centres, ça a explosé. Les lieux où il y avait autrefois de l’itinérance, il y en a encore aujourd’hui, mais ça s’étend, a déclaré en entrevue le député de Taschereau, Etienne Grandmont. Les cas qu’on rapporte dans les médias et que nous rapportent les élus [municipaux] sont de plus en plus nombreux et de plus en plus inquiétants ».

M. Grandmont mentionne que l’augmentation du nombre de sans-abri est directement liée à la crise du logement, que la Coalition avenir Québec (CAQ) a laissé empirer, selon lui.

Il demande ainsi à la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, et au ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, de remédier à la situation en présentant une stratégie d’action commune en itinérance et en logement.

Selon M. Grandmont, faciliter la construction de logements privés, comme le propose la ministre Duranceau, n’est pas une solution. « C’est ce qu’elle essaie d’aller chercher avec son projet de loi 31, mais ça, ça ne répondra pas aux besoins. Ce n’est pas en augmentant l’offre que magiquement on donne des solutions aux gens en situation d’itinérance. »

Les Québécois en situation de précarité ont besoin d’être accompagnés et les logements du secteur privé ne leur sont souvent pas accessibles, explique le député solidaire. Il estime par ailleurs que les investissements proposés par Mme Duranceau pour la création de logements sociaux sont largement insuffisants.

Dans son budget 2023-2024, le gouvernement avait annoncé un investissement de 650 millions pour accroître et entretenir le parc de logements sociaux et abordables.

Plus récemment, Mme Duranceau a annoncé que 1000 logements abordables supplémentaires pourront être construits dans le cadre du Programme d’habitation abordable Québec, dont le dernier appel de projets s’est déroulé de juin à septembre 2023.

Des mesures jugées insuffisantes

Selon les plus récentes données du ministère de la Santé et des Services sociaux sur l’itinérance, le nombre de personnes sans-abri visibles – soit la forme d’itinérance la plus connue qui représente des personnes qui vivent dans la rue ou dans des refuges – est passé de 5789 en 2018 pour tout le Québec à 10 000 personnes en date d’octobre 2023.

Dans son rapport de 2022 intitulé « L’itinérance au Québec – deuxième portrait », le ministère de la Santé et des Services sociaux reconnaît qu’il existe un lien entre la crise du logement et l’itinérance.

« Les enjeux liés à la marchandisation de l’habitation et à la spéculation immobilière, qui diminuent la disponibilité des logements abordables, les listes d’attente pour un logement social et abordable, les besoins impérieux en matière de logement, le taux d’effort [part du revenu] consacré au paiement du loyer et les évictions peuvent être considérés comme des déterminants de l’itinérance », peut-on lire dans le rapport.

M. Grandmont a déclaré que le gouvernement offre toujours des montants d’urgence lorsque la température commence à baisser. Il faut sortir de cette logique d’urgence lorsque l’hiver arrive, dit-il.

Ce qu’on veut, c’est qu’éventuellement, après quelques semaines ou quelque mois, on a été capable de les identifier, de les accompagner, on a bâti un lien de confiance avec eux, on les amène progressivement à reprendre confiance pour les amener tranquillement vers un logement et la réintégration. Ce n’est pas juste à l’automne et au début de l’hiver qu’il faut commencer à faire ça.

Etienne Grandmont, député de Taschereau

Le député solidaire estime que les investissements du ministre Carmant sont insuffisants pour répondre à la crise de l’itinérance. Il demande que du financement à l’année soit dédié aux ressources.

Il souhaite aussi des investissements dans les habitations de transitions et les logements qui répondent aux besoins particuliers des personnes sans-abri. « On a besoin d’une réponse qui va au-delà des simples refuges, d’une solution beaucoup plus ambitieuse », soutient M. Grandmont.

L’itinérance constitue également un enjeu de Santé publique, selon le solidaire, notamment en raison des enjeux de surdoses reliés à l’itinérance. Il pense que le ministre François Bonnardel devrait faire partie de ceux qui mettent en place une stratégie.

M. Grandmont espère que la CAQ proposera des solutions à la crise de l’itinérance dans le projet de loi 31 ainsi que dans le prochain budget. « Parce qu’on est en train de laisser pourrir une situation qui demain matin ne sera pas plus belle. Ça ne va pas se régler comme par magie, on est dans un cercle vicieux actuellement et on doit sortir de ça », plaide-t-il.