La présidence de Donald Trump a donné des maux de tête à Ottawa et son retour potentiel promet d’en donner d’autres, a dit Justin Trudeau mardi, au lendemain des primaires de l’Iowa.

Le premier ministre du Canada a expliqué que ses relations avec le milliardaire étaient compliquées pendant qu’il dirigeait les destinées des États-Unis, de 2016 à 2020.

« Ça n’a pas été facile la première fois, ça, je vous le dis », a dit M. Trudeau dans le cadre d’un déjeuner-causerie de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). « Et s’il y a une deuxième fois, ce ne sera pas facile non plus. »

Mais « on va être prêts pour le choix que vont faire les Américains en novembre », a-t-il ajouté.

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Donald Trump

Donald Trump a remporté lundi soir une victoire facile lors de la primaire républicaine en Iowa, de bon augure pour son parcours vers la présidentielle de l’automne prochain.

M. Trudeau a décrit la diplomatie parallèle mise en place par son gouvernement afin de pouvoir discuter avec les décideurs américains sans passer par la Maison-Blanche. Il a aussi déploré les « années perdues » sur le plan de la lutte contre les changements climatiques pendant la présidence de M. Trump.

Le premier ministre a fait valoir que le Canada « va avoir un choix semblable à faire » aux prochaines élections fédérales, rapprochant son adversaire Pierre Poilievre de l’ex-président américain.

« Remettre un petit peu sous contrôle » l’immigration temporaire

Quelques minutes plus tôt, Justin Trudeau était questionné par le patron de la Chambre de commerce sur l’augmentation importante de l’immigration vers le Canada depuis la fin de la pandémie de COVID-19.

Le premier ministre a défendu sa position en faveur d’une hausse des seuils d’accueil, tout en admettant certains problèmes.

« On augmente de façon progressive nos seuils d’immigration permanente. On est à 460 000 à peu près. On va se rendre à 500 000 et stabiliser à 500 000. Ça, c’est le chiffre dont on a besoin pour continuer à appuyer la croissance économique et des opportunités, a dit M. Trudeau. Ce n’est pas ce chiffre-là qui crée les défis qu’on est en train de voir. »

« Au cours des deux dernières années, il y a deux millions de résidents temporaires qui sont venus au Canada, a-t-il continué. Ce sont surtout des étudiants internationaux et des travailleurs temporaires. À ce niveau-là, ce sont ces groupes-là qu’il va falloir qu’on remette un peu sous contrôle. »

M. Trudeau a notamment montré du doigt certaines institutions d’enseignement qui font « énormément d’argent » en accueillant d’immenses cohortes d’étudiants étrangers, sans nécessairement leur fournir un hébergement. Son ministre de l’Immigration a récemment annoncé de nouvelles obligations pour ces universités et ces collèges.

Prêts COVID : « C’est le temps de passer à autre chose »

Par ailleurs, Justin Trudeau a fermé la porte à une nouvelle prolongation de l’échéance de paiement des prêts COVID fédéraux.

Le premier ministre a affirmé qu’il était « temps de passer à autre chose », près de quatre ans après le début de la pandémie.

« À un moment donné, il est temps d’aller de l’avant », a dit M. Trudeau devant un public de gens d’affaires. « Il y a des options pour ces entreprises-là [qui ne peuvent pas rembourser] et on va toujours être là. »

Des centaines de milliers d’entreprises partout au pays doivent rembourser cette semaine le prêt qu’elles ont reçu par l’entremise du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) pendant la pandémie, si elles veulent profiter d’une remise partielle de dette.

M. Trudeau a ajouté que des options existent pour les entreprises incapables de payer à l’heure actuelle. « On va chercher d’autres façons de pouvoir les aider, les encourager », a-t-il dit.

Ces prêts totalisent près de 50 milliards.