(Ottawa) Le Canada veut accueillir 6 % de nouveaux arrivants francophones hors Québec en 2024, mais le ministre Marc Miller se dit prêt à augmenter cette cible si les mesures pour l’atteindre donnent les résultats escomptés. Une bonne nouvelle pour la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), qui réclame un échéancier pour le rétablissement du poids démographique des francophones minoritaires.

« Je n’avais pas cette confiance en fixant les niveaux qu’on allait pouvoir passer à 10, 12 %, alors je ne voulais pas être crétin, tout simplement, a-t-il répondu à la question d’un journaliste lors de son passage à Caraquet, au Nouveau-Brunswick, mardi pour annoncer une nouvelle politique et des programmes consacrés à l’immigration francophone.

« À la fin de cette année, si j’ai cette confiance que cette structure est en place et qu’on rencontre notre 6 %, je suis prêt à réviser ces nombres-là », a-t-il ajouté.

Le gouvernement soutient que les cibles d’immigrants francophones hors Québec annoncées en novembre sont « ambitieuses, réalistes et atteignables ». Il compte presque doubler leur proportion d’ici 2026. La cible précédente avait été fixée à 4,4 % en 2003 et a seulement été atteinte près de 20 ans plus tard, en 2022. Les nouvelles cibles annuelles augmenteront graduellement :

  • 6 % en 2024
  • 7 % en 2025
  • 8 % en 2026

Or, la FCFA estime qu’il faudrait accueillir 12 % d’immigrants qui s’expriment en français dès 2024 pour réparer le déclin du poids démographique des francophones à l’extérieur du Québec.

« Ce que ça laisse entendre, c’est qu’il y a du travail à faire au sein du ministère pour mettre en place certains changements systémiques afin qu’il travaille plus positivement pour l’immigration francophone », a réagi en entrevue sa présidente, Liane Roy.

« Si les libéraux ont à cœur l’avenir des francophones, hausser la cible hors Québec n’est pas qu’envisageable, mais nécessaire », a fait valoir le porte-parole du Bloc québécois en matière de Langues officielles, Mario Beaulieu, dans une déclaration écrite. « Sans que cela ne se fasse au détriment du Québec », a-t-il précisé.

Le ministre Miller a reconnu en conférence de presse que « le gouvernement fédéral n’a pas toujours fait son travail en s’assurant que le volume de francophones qui viennent au pays soit tel qu’il puisse être à la hauteur de nos attentes ».

« Évidemment, avec la nouvelle Loi sur les langues officielles, on a maintenant dorénavant un devoir légal d’assurer le rétablissement au seuil de 1971. On est loin d’être là », a-t-il ajouté.

Le rétablissement du poids démographique des minorités francophones inscrit dans cette législation est fixé à 6,1 %, soit celui qu’elles avaient lors du recensement de 1971. La FCFA veut que le gouvernement se dote d’un échéancier pour y parvenir et espère en obtenir lorsque les nouveaux programmes annoncés mardi seront mis en œuvre.

Reste que l’organisme avait le sentiment d’avoir été entendu. Il demandait à ce que la nouvelle politique du ministre Miller vise deux objectifs : la croissance démographique des communautés francophones et l’appui à la réussite des nouveaux arrivants. La FCFA voulait également obtenir un programme distinct pour l’immigration économique.

L’annonce de mardi répond à ces préoccupations. La nouvelle politique prévoit le développement « d’un programme et de mesures dédiés à l’immigration francophone économique ». Elle propose également la mise en œuvre d’un nouveau corridor pour le recrutement d’enseignants francophones au primaire et au secondaire. « C’est clair qu’il y a un manque d’enseignants », a reconnu le ministre Miller.

Il a annoncé d’autres mesures pour parvenir à augmenter le nombre d’immigrants d’expression française au pays. Un nouveau programme d’appui servira à financer la participation des communautés francophones minoritaires à la promotion du Canada à l’international, au recrutement et à l’accompagnement des candidats qui désirent s’installer ici.

Dix nouvelles communautés pourront également participer à l’initiative des communautés francophones accueillantes. Elles sont présentement 14 à recevoir des sommes pour leur permettre de bien intégrer les nouveaux arrivants.

Le Plan d’action sur les langues officielles 2023-2028, annoncé l’année dernière, prévoyait 137 millions supplémentaires pour stimuler l’immigration francophone à l’extérieur du Québec, pour un total de 221,5 millions sur cinq ans.