(Ottawa) De nombreux libéraux ont serré les rangs autour de Justin Trudeau mercredi face à la remise en question de son leadership. Il a eu beau répéter sur toutes les tribunes avant les fêtes qu’il allait diriger le Parti libéral du Canada lors de la prochaine élection, l’écart à rattraper avec Pierre Poilievre semble insurmontable.

« On est prêt à affronter les défis qui sont devant nous », a affirmé la ministre du Patrimoine canadien Pascale St-Onge en mêlée de presse alors que s’amorçait la réunion du caucus libéral au lendemain de la retraite du conseil des ministres. « On sait qu’il y a encore de l’instabilité économique, il se passe plein de choses dans le monde, mais on est derrière notre chef, a-t-elle ajouté. Je l’appuie encore aujourd’hui. »

« Moi, j’aimerais savoir pourquoi les gens sont tannés, a répondu à son tour la députée de Sherbrooke, Élisabeth Brière. On a géré une crise de façon quasi exceptionnelle, un des pays qui s’en sort le mieux. On a sorti plein de gens de la pauvreté, c’est nous qui en faisons le plus pour l’environnement et ça, je pense que c’est grâce à notre chef. »

« J’ai confiance au premier ministre », a lancé l’ex-présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, députée d’Ottawa-Vanier. Elle n’a toutefois pas voulu dire si elle souhaitait qu’il demeure chef jusqu’à la prochaine élection.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mona Fortier, députée d’Ottawa-Vanier

Elles réagissaient aux récents propos du député terre-neuvien Ken McDonald, un député élu pour la première fois en 2015. Celui-ci a affirmé au micro de Radio-Canada que les libéraux avaient « atteint leur date de péremption », qu’il n’était pas certain si M. Trudeau était toujours celui qui pouvait mener les libéraux lors de la prochaine élection et qu’il était temps de revoir son leadership. Le premier ministre n’a pas commenté les propos de son député.

M. McDonald a tenté d’atténuer ses dires dans une déclaration écrite tard en soirée mercredi. « L’intention de mes récents commentaires publics n’était pas de réclamer personnellement une révision du leadership et je n’en réclame pas une maintenant, a-t-il précisé. Comme je l’ai dit, je crois que le premier ministre est un politicien intelligent, un grand militant, et je sais qu’il a toujours à cœur l’intérêt des Canadiens. » Il a ajouté qu’il continuerait de le soutenir comme il le fait depuis 2015.

Reste que le dernier sondage de la firme Abacus effectué en début d’année donne une avance de 17 points des conservateurs de Pierre Poilievre sur les libéraux, ce qui serait suffisant pour former un gouvernement majoritaire si une élection avait lieu aujourd’hui.

« Je suis d’accord si [M. Trudeau] veut rester, mais je suis également ouvert à la perspective d’une révision [de son leadership], a indiqué le député ténois, Michael McLeod. S’il y a des gens dans notre caucus qui estiment qu’il devrait y avoir un examen, cela ne me pose aucun problème. »

Un tel vote de confiance est uniquement prévu lorsqu’un chef échoue à se faire élire comme premier ministre en vertu de la constitution du Parti libéral du Canada. Il n’y a donc pas de mécanisme à l’heure actuelle qui permettrait aux membres d’en tenir un. Il faudrait que la pression à l’interne soit suffisamment forte pour inciter M. Trudeau à démissionner, ce qui est loin d’être le cas.

« Plusieurs députés le connaissent depuis les rassemblements dans les pubs qui attiraient dix personnes et dans les sous-sols d’église lorsque le Parti libéral était loin derrière en troisième place », rappelle l’ancien directeur des communications de la formation politique, Braeden Caley.

Il fait valoir que les sondages n’étaient pas favorables non plus aux libéraux en 2015 et en 2019 et que M. Trudeau a tout de même réussi à former un gouvernement.

« Les sondages sont contre nous, a reconnu le député du nord de l’Ontario, Marcus Powlowski. Est-ce que ça veut dire qu’inévitablement je perdrais si nous avions une élection, disons cet été ? Non. J’ai encore confiance. »

« Le seul sondage qui compte vraiment et les opinions qui font vraiment une différence sont ceux du jour de l’élection », a résumé sa collègue terre-neuvienne, Yvonne Jones.