(Ottawa) La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré vendredi que le Canada suivrait de près la plainte déposée contre Israël devant la Cour internationale de justice.

Elle est toutefois restée muette sur la décision provisoire du tribunal des Nations unies, qui a ordonné à Israël d’empêcher un génocide des Palestiniens dans la bande de Gaza.

L’écrasante majorité des juges de la plus haute juridiction des Nations unies ont ordonné vendredi six mesures provisoires pour limiter le nombre de victimes dans la bande de Gaza et garantir la préservation des preuves si le tribunal devait conclure qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniens, comme le soutient l’Afrique du Sud.

Les juges se sont par ailleurs prononcés contre la demande d’Israël de classer complètement l’affaire.

Dans un communiqué, la ministre Joly affirme qu’il appartient à la Cour internationale de justice (CIJ) de se prononcer sur le fond de l’affaire, « ce qu’elle n’a pas fait » vendredi, précise-t-elle.

Comme le fait le premier ministre Justin Trudeau depuis le début de cette affaire, Mme Joly réitère le soutien du Canada en faveur de la Cour internationale, mais précise que ce soutien ne signifie pas que le gouvernement accepte les prémisses de la plainte sud-africaine.

« Les parties à un conflit doivent protéger la population civile et respecter le droit international. Elles sont tenues de permettre et de faciliter l’accès rapide et sans entraves de l’aide humanitaire essentielle aux civiles et civils, conclut la ministre Joly dans son communiqué. Il est urgent d’accroître et de maintenir l’accès à l’aide humanitaire à Gaza. »

En marge de la rencontre présessionnelle du caucus libéral, vendredi à Ottawa, ni Mme Joly ni le premier ministre Trudeau n’ont pris le temps de répondre aux questions des journalistes sur la décision de la CIJ, annoncée plus tôt.

Les députés libéraux sont divisés sur la manière dont le Canada devrait réagir.

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Justin Trudeau et Salma Zahid

La députée libérale Salma Zahid a indiqué vendredi à Ottawa qu’elle lirait d’abord cette décision provisoire de la CIJ, mais elle a indiqué que le Canada devait se conformer à toutes les ordonnances du tribunal international et réunir d’autres pays pour contribuer à répondre à la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

Son collègue libéral Anthony Housefather qualifie le recours à la CIJ de « sans fondement et insultant », et estime que le tribunal international place la barre très bas pour décider s’il existe un cas possible de génocide.

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Anthony Housefather

« Israël respecte le droit international et Israël va continuer de le respecter », a soutenu le député montréalais.

M. Trudeau a refusé jusqu’ici les appels de groupes juifs et musulmans au Canada à adopter une position claire, comme l’ont fait d’autres dirigeants dans le monde.

Le premier ministre a simplement indiqué que le Canada n’était pas nécessairement d’accord avec la prémisse de l’argumentation de l’Afrique du Sud, mais il n’a jamais précisé s’il rejetait cette requête ou si le Canada respecterait la décision du tribunal international sur un présumé génocide des Palestiniens.