Bien qu’il soit encore officiellement « en réflexion » sur ses intentions, Denis Coderre se présentera dans la région de Québec s’il prend les rênes du Parti libéral.

« Si je deviens chef, je vous promets que je vais être candidat dans la région de Québec », a affirmé l’ex-maire de Montréal en entrevue au Soleil, lundi. « On a besoin d’un trait d’union entre la capitale et la métropole. »

Denis Coderre ne vise pas une circonscription en particulier, mais il voudrait se présenter « dans la grande région » de la Capitale-Nationale.

Depuis 2018, les électeurs de Québec boudent les libéraux provinciaux. Mais Denis Coderre ne s’en effraie pas. Pas question de choisir un comté gagné d’avance sur l’île de Montréal, insiste-t-il. « Ça vous démontre que si j’y vais, j’y crois. »

De toute façon, « il n’y a aucun comté sûr », note le vétéran de la politique. « La journée où un député – ou un maire – pense être propriétaire, il en mange une maudite. »

Il cite comme inspiration « ce que Philippe Couillard a fait dans Roberval ». En 2014, le chef libéral s’est fait élire au Lac-Saint-Jean, après avoir représenté les comtés urbains de Jean-Talon, Mont-Royal et Outremont pendant des années. « Il a eu le guts de le faire. »

M. Coderre, qui est intimement lié à la métropole, s’engage à donner une place toute particulière aux régions. « Le Québec carbure aux régions », note-t-il. Le politicien souligne le « très bel accueil » qu’il a reçu à Drummondville, samedi, en se lançant dans une tournée des régions.

Pouvoirs aux villes

Même s’il réfléchit à briguer un poste national, celui qui a dirigé Montréal de 2013 à 2017 s’éloigne peu de la politique municipale.

Denis Coderre n’en peut plus de voir les élus municipaux, provinciaux et fédéraux se lancer la balle devant les problèmes. « Ça ne peut pas toujours être la faute des autres. »

Selon lui, Québec devrait donner davantage de pouvoirs aux maires et mairesses. En contrepartie, ceux-ci devraient être véritablement imputables, croit-il.

M. Coderre évoque ses années à la mairie de Montréal et le duo fort qu’il formait avec Régis Labeaume, qui dirigeait Québec. Une époque où les villes avaient réellement l’écoute du gouvernement, estime-t-il.

En 2016, les libéraux ont adopté deux lois fortement réclamées par les maires, réaffirmant le statut de métropole pour Montréal et celui de capitale pour Québec.

« M. Legault devrait parler à Philippe Couillard. Sur la question des relations entre Québec et les municipalités, ce sont les libéraux qui ont donné le ton. »

Les fondations avant tout

Denis Coderre, qui n’a pas encore confirmé sa candidature pour diriger les libéraux provinciaux, croit que le prochain chef du PLQ devra avant tout rebâtir sa base militante. Et se dit prêt à le faire.

« Je suis fièrement un fils de menuisier [...] Dans les trois petits cochons, c’est la maison de brique qui a gagné », remarque M. Coderre, se disant « prêt à travailler les fondations ».

Le politicien à la longue feuille de route refuse toutefois de se qualifier de « chef de transition ». Et ce même si la semaine dernière, il avait invité ses éventuels adversaires à attendre la reconstruction du parti avant de se lancer.

« Vous êtes peut-être la bonne personne, mais peut-être pas de suite, lançait-il sur les ondes de CKVL. Je veux vous laisser le parti dans de bonnes conditions. Appeler ça transition, c’est comme vous voulez. »

Le politicien annoncera ses couleurs après avoir parcouru les 300 km du chemin de Compostelle. Et même si plusieurs observateurs en doutent, il jure qu’il pourrait décider de ne pas se lancer. « Tout est sur la table. »

Mais Denis Coderre en convient : la politique, c’est sa drogue. « Et moi, j’assume ma drogue. »

Avec Valérie Gaudreau, Le Soleil