(Québec) La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, qui vient de renoncer temporairement au financement populaire, proposait pourtant de hausser le plafond des dons politiques à 200 $ l’été dernier.

L’information, d’abord rapportée par le 98,5 FM et Radio-Canada, a été confirmée par La Presse Canadienne.

« Nous étions d’accord pour étudier en comité technique du DGEQ (Directeur général des élections) une actualisation du 100 $ en dollars d’aujourd’hui. Nous avons consulté et décidé de ne pas poursuivre cette avenue il y a quelques semaines déjà », a indiqué par écrit la directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault.

La Presse Canadienne a obtenu copie d’un document de la permanence de la CAQ datant du mois d’août et dont le sujet est « Propositions de changements législatifs de la Loi électorale ». On voit que le parti proposait de revoir le plafond des dons pour le faire passer de 100 $ à 200 $ et d’inclure un mécanisme d’indexation.

Une proposition qui détonne avec ce que le premier ministre a annoncé jeudi. Alors que la CAQ est au centre de la controverse depuis deux semaines pour ses pratiques de financement, François Legault a affirmé que son parti ne récoltera plus de dons de la part des citoyens. En 2023, la CAQ a amassé un peu plus de 800 000 $ en contributions populaires.

Questionné en point de presse à savoir depuis quand il réfléchissait à cette idée, le premier ministre a répondu : « c’est quelque chose qu’on discute depuis longtemps ».

Dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne, la directrice générale de Québec solidaire (QS), Myriam Fortin, indique qu’en « date du 4 décembre 2023, tous les partis avaient donné leur appui à une augmentation du plafond de contribution. Le 25 janvier dernier, la CAQ nous a annoncé qu’elle se rétractait ».

La veille, donc le 24 janvier, le député solidaire Vincent Marissal portait plainte à la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale au sujet du député caquiste Louis-Charles Thouin concernant le fait qu’il a approché des maires pour qu’ils contribuent à la caisse de la CAQ, en échange d’une rencontre avec la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Une semaine plus tôt, QS envoyait une plainte concernant le député Sylvain Lévesque pour des enjeux similaires. Les deux missives ont déclenché des enquêtes de la commissaire à l’éthique, Ariane Mignolet. Elles sont encore en cours actuellement. Plusieurs autres noms de députés caquistes sont par la suite sortis publiquement, également en lien avec des cocktails de financement où des ministres étaient présents.

Des demandes d’enquête à la commissaire ont aussi été faites pour les députés Gilles Bélanger et Yves Montigny. Dans leur cas, Mme Mignolet a jugé qu’il n’y avait pas matière à ouvrir d’enquête.

La loi électorale prévoit que chaque citoyen peut verser un maximum de 100 $ à une formation politique, mais il ne peut le faire pour obtenir une contrepartie.

Le premier ministre a enjoint les autres formations politiques à cesser également de percevoir des dons. Tous les partis d’opposition ont rapidement fait savoir qu’ils refusaient l’offre caquiste en la qualifiant de « geste de panique » ou de « diversion ».