(Ottawa) Le gouvernement Trudeau a imposé un échéancier serré à la Commission sur l’ingérence étrangère afin que les recommandations jugées essentielles qu’elle formulera puissent être mises en œuvre à temps pour les prochaines élections fédérales.

Témoignant vendredi devant la présidente de la commission, Marie-Josée Hogue, le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a reconnu que cet échéancier serré représente un défi de taille, mais a ajouté que le gouvernement libéral et les partis de l’opposition étaient unanimes à estimer que cela est incontournable pour assurer une meilleure protection de la démocratie canadienne contre la menace de l’ingérence étrangère.

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La présidente de la Commission sur l’ingérence étrangère, Marie-Josée Hogue, vendredi à Ottawa

La Commission sur l’ingérence étrangère doit remettre un premier rapport le 3 mai qui portera sur les activités d’ingérence auxquelles se sont livrées la Chine, la Russie et l’Inde durant les élections fédérales de 2019 et 2021. Un rapport final doit être remis au plus tard le 31 décembre.

Ce dernier rapport évaluera la façon dont les renseignements touchant la sécurité nationale sont échangés au sein de l’appareil gouvernemental ; la capacité du gouvernement à détecter, dissuader et contrer l’ingérence étrangère sera aussi évaluée.

Le rapport final contiendra en outre des recommandations sur les mesures à prendre pour mieux protéger le pays face à l’ingérence étrangère.

Échéancier serré

« Il est vrai que l’échéancier représente une tâche énorme », a affirmé M. LeBlanc en répondant aux questions de la procureure en chef de la commission, Shantona Chaudhury, qui voulait savoir pourquoi le gouvernement Trudeau avait tardé à mettre sur pied une commission.

« Mais notre objectif, en tant que gouvernement, est de faire en sorte que notre démocratie soit plus robuste face à l’ingérence étrangère. Nous voulons aussi aider les Canadiens à mieux comprendre cette menace. C’est important d’avoir le rapport final à la fin de l’année 2024. Cela va permettre au gouvernement d’évaluer et de mettre en œuvre les recommandations pouvant rendre nos institutions plus résilientes », a-t-il ajouté.

Il s’est aussi félicité du fait que le mandat confié à la commission jouit de l’appui non seulement du gouvernement libéral, mais de tous les partis de l’opposition reconnus à la Chambre des communes.

Il a rappelé d’ailleurs qu’il avait passé plusieurs mois à négocier les contours de ce mandat avec ses homologues des autres partis l’été dernier. « Nous avons même organisé un souper l’automne dernier pour célébrer parce que nous pensons avoir fait quelque chose d’important pour notre démocratie et le Parlement, soit de s’entendre sur le mandat de cette commission. »

Dans la foulée, Dominic LeBlanc, qui est aussi ministre des Institutions démocratiques, s’est engagé à ce que « l’ensemble de la machinerie gouvernementale » fasse tout ce qui est possible pour divulguer les documents secrets dans la mesure où cela ne nuit pas au travail des agences de sécurité.

Il a fait valoir que la transparence est la meilleure arme pour contrer les activités d’ingérence étrangère, d’autant plus que cette menace touche directement « les membres des communautés de la diaspora » chinoise, indienne ou russe.

« Si on peut maximiser la transparence […], ça va aider les gens à reconnaître l’ingérence étrangère et c’est une des meilleures façons d’avoir des électeurs à l’abri des menaces », a-t-il exposé.

Environ 80 % des documents reçus jusqu’à présent par l’équipe de la commissaire Marie-Josée Hogue sont classifiés. Parmi ceux-ci, 80 % ont les cotes de protection les plus élevées, c’est-à-dire qu’ils sont considérés au minimum comme « très secrets ». La commissaire et son entourage ont accès à la version non caviardée des documents, mais elle insiste depuis sa nomination sur sa volonté de rendre publique le plus d’information possible.

Avec La Presse Canadienne