L’Association du transport urbain du Québec (ATUQ) réclame à Québec une aide de 622 millions de dollars pour 2025 « afin de préserver l’offre de service » en transport collectif. L’organisme souhaite aussi signer une entente sur cinq ans d’ici l’automne prochain.

C’est ce qu’a indiqué l’association représentant les dix sociétés de transport du Québec dans un mémoire transmis mercredi au ministre des Finances, Eric Girard. Ce dernier reçoit actuellement plusieurs rapports de divers organismes dans le cadre des prochaines consultations prébudgétaires.

Tout cela survient alors que s’amorceront bientôt de nouvelles négociations en vue de la mise sur pied d’un cadre de financement « récurrent et prévisible » sur cinq ans dans le transport collectif, un mandat que s’est donné la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. C’est ce cadre qui devra être confirmé d’ici cet automne, réclame l’ATUQ.

Les discussions pour 2024 s’étaient terminées abruptement en décembre dernier, après des semaines de négociations sur la place publique. L’aide gouvernementale pour 2024 avait été de 265 millions, dont 238 millions pour le Grand Montréal.

Si cette aide a bel et bien permis « de boucler les budgets 2024 », elle n’a toutefois permis aucune augmentation de service, dénonce l’ATUQ. Celle-ci s’inquiète que plusieurs transporteurs devront utiliser des sommes non récurrentes qui auraient dû être affectées à d’autres fins, afin d’équilibrer leurs finances.

« Pour 2025, les sociétés de transport estiment actuellement que le manque à gagner pour couvrir les besoins et assurer le maintien de l’offre de services se chiffrera à 622 millions », soutient le groupe, en rappelant que le temps presse, ses membres ayant l’obligation légale de déposer leur budget pour 2025 en octobre 2024.

Un copier-coller ?

À l’heure actuelle, tout indique que les négociations entre les sociétés de transport et le gouvernement seront à nouveau corsées. « Nous percevons la volonté du gouvernement de travailler avec nous et nous répondons présents », a fait valoir la présidente par intérim de l’ATUQ, Geneviève Héon, dans une déclaration.

Elle affirme toutefois que « les villes et les sociétés de transport doivent être à la même table pour coconstruire une vision partagée du transport collectif […] en priorisant l’expérience usager et les réels besoins des citoyens ».

Au cabinet de Geneviève Guilbault, on avertit déjà que le gouvernement devra « être responsable et respecter la capacité de payer des Québécois », ce qui sous-entend que l’aide de 622 millions fera l’objet d’une contre-offre.

« Nous travaillons déjà, avec les sociétés de transport et les municipalités, à trouver des sources d’optimisation pour mieux financer nos transports collectifs », a renchéri le directeur des communications de la ministre, Maxime Roy, en référence aux audits de performance que lancera bientôt Mme Guilbault.

L’ATUQ recommande également à Québec d’indexer les sources de financement existantes, comme la taxe sur l’essence ou celle sur l’immatriculation, qui a été majorée à tout le Grand Montréal l’an dernier. Ces deux taxes n’ont pas été indexées depuis les années 90, déplore l’industrie du transport collectif.

Mme Héon a aussi rappelé que bon nombre de sociétés de transport, dont la STM à Montréal, espèrent obtenir le droit « de procéder à des développements immobiliers à titre d’activités connexes aux activités de transport en commun », ce qui se fait déjà ailleurs dans le monde. « Soyons innovants », a-t-elle persisté.

Son groupe déplore enfin que les cinq milliards prévus par le gouvernement pour l’électrification des réseaux d’autobus « seront nettement insuffisants dans les conditions actuelles ». « L’augmentation astronomique des coûts entraîne aussi un poids considérable sur le service de la dette des sociétés de transport et donc, sur leurs budgets d’exploitation », a noté l’organisme.