(Ottawa) La multiplication des campements de sans-abri un peu partout au pays est un « échec moral générationnel », affirme le ministre du Logement, Sean Fraser. Il compte présenter un plan pour lutter contre ce phénomène avant le 31 août, comme le réclame la défenseure du logement dans son plus récent rapport.

« Je ne pourrai pas dire en toute honnêteté que j’ai résolu correctement la crise du logement si nous devons encore croiser des gens qui dorment dans la rue au Canada », a-t-il affirmé en mêlée de presse avant la réunion du Cabinet mardi.

« Nous devons nous demander, non seulement en tant que gouvernement, mais aussi en tant que société, et cela inclut également les autres ordres de gouvernement : dans quel genre de pays voulons-nous vivre ? Pensons-nous qu’il est acceptable que des personnes ne soient pas en mesure d’atteindre leur plein potentiel parce qu’elles ne trouvent pas de logement ? »

Il espère pouvoir présenter une série de mesures pour lutter contre l’itinérance avant le 31 août qui feront partie d’un « plan plus global pour faire face à la crise du logement », incluant de l’hébergement de transition et des appartements à prix abordables.

Dans son plus récent rapport, la défenseure du logement réclame un plan d’intervention national d’ici la fin du mois d’août pour régler la situation des campements qui se sont multipliés un peu partout au pays. Marie-Josée Houle en fait « une question de vie ou de mort » puisque les gens qui vivent dehors peuvent être emportés par le froid ou par une surdose de drogue ou être battus à mort.

Elle estime que le gouvernement fédéral et les provinces ne peuvent plus laisser les municipalités se débrouiller seules avec le problème de l’itinérance.

« C’est vraiment une crise et c’est urgent », avait-elle affirmé en entrevue à La Presse, la veille.

« Il nous reste encore du travail à accomplir pour identifier les politiques appropriées », a expliqué le ministre Fraser.

Il a fait valoir que les défis dans une ville comme Halifax ne sont pas les mêmes qu’à Toronto ou à Vancouver et qu’il faut donc prendre le temps de trouver des solutions qui répondent aux besoins locaux.

De grandes attentes

L’itinérance existe dans toutes les régions, a rappelé l’Union des municipalités du Québec. Elle s’attend à ce que les gouvernements fédéral et québécois « soient pleinement engagés » pour répondre aux besoins en logement pour les personnes vulnérables.

« Il y a urgence d’agir, les municipalités sont trop souvent laissées à elles-mêmes et ne peuvent gérer seules cette crise sans précédent, a déclaré son président Martin Damphousse. Les solutions sont complexes et nécessitent une action coordonnée. »

Au bureau du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, on rappelle que le gouvernement québécois est en train de déployer son Plan d’action interministériel en itinérance, en place depuis 2021. Son attaché de presse, Lambert Drainville, a indiqué que la dernière mise à jour économique prévoyait 500 unités de logement qui leur seront destinées.

Il en faudrait toutefois plusieurs milliers, selon la directrice générale de l’Accueil Bonneau, Fiona Crossling.

« À plus long terme, la création de places d’hébergement de transition et d’hébergement supervisé permettra de ramener les personnes vulnérables vers le logement et, en même temps, libérer des places dans les refuges », a précisé l’attaché de presse en donnant pour exemple un nouveau centre d’hébergement aménagé dans l’ancienne prison de Chicoutimi dévoilé la veille par plusieurs ministres du gouvernement Legault, dont Lionel Carmant.

Avec la collaboration d’Isabelle Ducas, La Presse