(Montréal) Le maire de Pointe-Claire, où Pierre Poilievre a tenu une conférence de presse jeudi, a tenu à répondre au chef du Parti conservateur du Canada qui a répété qu’il pénaliserait les villes qui ne construisent pas suffisamment de logements.

M. Poilievre avait convié la presse dans le stationnement du centre commercial Fairview Pointe-Claire jeudi matin, à l’endroit où une station du REM doit être construite.

« C’est une urgence de 911 pour bâtir plus de logements dès maintenant et j’ai un plan de gros bon sens pour le faire ! », a lancé le chef conservateur aux journalistes réunis dans l’agglomération de l’ouest de Montréal.

M. Poilievre a répété qu’il propose d’offrir des primes aux municipalités qui construisent plus de logements, et de pénaliser celles qui en érigent moins.

« Pourquoi est-ce qu’on est ici aujourd’hui ? Parce qu’ici, on devrait voir maintenant la construction de logements », a indiqué M. Poilievre en montrant du doigt le stationnement où se déroulait la conférence de presse, à l’angle de l’avenue Fairview et de l’autoroute 40.

« Mais il est où le logement ? » a-t-il demandé en ajoutant que « la bureaucratie empêche la construction des appartements pour nos jeunes, pour nos aînés et ceux qui ne veulent pas avoir une voiture ».

La sortie du chef conservateur a fait réagir le maire de Pointe-Claire, Tim Thomas, qui, dans un long message sur sa page Facebook, a indiqué « qu’il y a certains faits qu’il ne connaît peut-être pas ».

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le maire de Pointe-Claire, Tim Thomas

Le maire a écrit que sa ville « a fait plus que sa juste part en matière de construction de logements », que de 2017 à 2022, Pointe-Claire a « construit plus que le reste de l’ouest de l’île de Montréal réuni (2055 contre 1635 unités) selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement ».

À la fin de 2023, toujours selon le maire Thomas, il y avait plus de condominiums et d’appartements en construction dans sa ville que dans les 14 autres banlieues défusionnées de l’île de Montréal, « qui comptent ensemble six fois notre population ».

M. Thomas soutient également que « Pointe-Claire a connu la plus forte augmentation des loyers inscrits en 2023 de toutes les villes importantes du Canada, soit 25,6 % selon les données de Rentals.ca ».

Ces données font dire à l’élu de Pointe-Claire que « compte tenu de tout ce que nous avons construit et continuons de construire, je doute fort que nous soyons assujettis à la pénalité de M. Poilievre en matière d’infrastructure ».

Gel du développement immobilier

Tim Thomas ne prend pas le crédit pour tous les nouveaux logements construits à Pointe-Claire. Au contraire, il a plutôt été élu en 2021 en promettant de freiner certains types de développement immobilier.

« J’ai été élu en partie parce que les citoyens de Pointe-Claire estimaient que notre développement était trop important, trop rapide, et qu’il ne tenait pas suffisamment compte de la circulation, des services, des infrastructures et de la protection des arbres et des espaces verts », a ajouté le maire dans son message sur Facebook.

Il a précisé « qu’un gel du développement a été mis en place dans certains secteurs clés où je voulais que les citoyens aient leur mot à dire ».

L’un des endroits visés par ce gel du développement est le stationnement du Fairview Pointe-Claire, où Pierre Poilievre souhaiterait voir la construction de logements à côté de la future station du REM.

Mais « la taille et la hauteur de 25 étages souhaitées par le propriétaire (Cadillac Fairview) sont déraisonnables et plus grandes que tout ce que nous n’avons jamais eu à Pointe-Claire », a indiqué le maire dans sa missive.

« Ce n’est pas de la bureaucratie ou de l’incompétence. Il s’agit d’une planification urbaine sensible et responsable dans une communauté où les promoteurs ont trop souvent reçu des tapis rouges, et non de la paperasserie », a ajouté M. Thomas en concluant son message.

Une clause « pro-construction de logements »

En conférence de presse à Pointe-Claire, M. Poilievre a également répété que le coût du logement avait bondi depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau.

La solution réside selon lui dans l’allégement de la « bureaucratie » qui, a-t-il avancé, freine la construction de logements dans les municipalités.

M. Poilievre suggère donc d’ajouter une clause « pro-construction de logements » dans les ententes avec les municipalités découlant du Fonds pour le développement des collectivités du Canada (l’ancien Fonds de la taxe sur l’essence).

Les villes qui permettent la construction de plus de logements recevraient une prime, tandis que celles qui en construisent moins seraient pénalisées.

« Ça va fonctionner de façon mathématique », a-t-il expliqué.

Les petites municipalités seraient toutefois exemptées des pénalités, selon son plan.