(Québec) « Largement déficitaire », le prochain budget du gouvernement Legault sera déposé le 12 mars, a annoncé le ministre des Finances, Eric Girard, jeudi.

La stagnation de l’économie fait chuter les revenus de l’État. Les dividendes d’Hydro-Québec et les transferts fédéraux sont moins importants que prévu. Les hausses salariales supérieures aux prévisions consenties aux employés de l’État font grimper les dépenses.

« On a des circonstances exceptionnelles qui sont difficiles. Ce sera un budget qui est dans des conditions difficiles. Mais c’est gérable, [assurément] », a affirmé le grand argentier du gouvernement lors d’une mêlée de presse. Il y aura des « efforts à faire », a-t-il prévenu, tout en répondant qu’il ne regrettait pas d’avoir baissé les impôts l’an dernier.

En janvier, Eric Girard disait que « c’est mathématique : à ce stade-ci, les déficits vont être plus importants ».

Le premier ministre François Legault en remettait une couche dimanche. « On se retrouve avec un budget qui est largement déficitaire, beaucoup plus déficitaire qu’il l’était avant ces négociations », disait-il.

Québec télégraphie un report du retour à l’équilibre budgétaire prévu jusqu’ici en 2027-2028.

Le gouvernement a accepté de verser des hausses salariales de 17,4 % en cinq ans aux employés de l’État. Les salaires bondiront de 8,8 % dès cette année – en tenant compte de la hausse de 6 % accordée pour 2023 et de celle de 2,8 % applicable au 1er avril. « C’est certain que les montants qui ont été accordés sont plus importants que ce qui avait été provisionné à la mise à jour budgétaire » de novembre, reconnaissait M. Girard en janvier. Dans sa mise à jour, il tablait sur des augmentations salariales de 10,3 % en cinq ans. Chaque point de pourcentage d’augmentation coûte 600 millions par année.

À la mi-décembre, Eric Girard a revu ses prévisions à la baisse : le cadre financier du gouvernement pour l’année en cours s’est en effet détérioré de 635 millions de dollars en raison d’une baisse importante des revenus anticipés. Le ministre a comblé une bonne partie de ce trou en utilisant en totalité sa provision pour éventualités de 500 millions – le coussin pour les imprévus. Le déficit attendu pour l’année en cours se chiffrait alors à 4,1 milliards.

Pour 2024-2025, il est acquis que le déficit prévu de 3 milliards sera plus important. Le gouvernement comptait limiter les dépenses des ministères à 1,6 % pour la prochaine année, une cible qui sera difficilement atteignable dans les circonstances. L’heure sera à la « rigueur budgétaire », dit-on au gouvernement, qui refuse de parler d’« austérité ».