(Québec) Un conseiller de l’opposition accuse un élu de l’équipe de Bruno Marchand de l’avoir intimidé il y a deux semaines dans les couloirs de l’hôtel de ville de Québec, en l’enguirlandant puis en lui donnant notamment un coup de torse.

« Si on tolère ça, c’est quoi la prochaine étape ? Où on s’en va ? Là c’est un coup de chest, la prochaine fois ce sera quoi ? Un coup de poing ? », s’est demandé en conférence de presse jeudi le conseiller du district de la Chute-Montmorency-Seigneurial, Stevens Mélançon.

Cet accrochage est le dernier en date qui témoigne d’une dégradation du climat entre les élus municipaux dans la capitale. Le directeur général de la Ville a d’ailleurs convoqué des représentants des quatre partis politiques représentés au conseil à une réunion d’urgence jeudi « afin de faire le point sur la sécurité et le climat de travail au sein des équipes politiques à l’hôtel de ville ».

La veille, mercredi, une autre élue de l’opposition avait dénoncé un climat toxique à l’hôtel de ville. Alicia Despins, du parti Québec d’abord, a même déposé une plainte à la Commission municipale du Québec.

L’épisode allégué du « coup de torse » serait né de commentaires et mentions « j’aime » faits par M. Mélançon, d’Équipe priorité Québec, sur des statuts Facebook de l’ex d’une conseillère du parti du maire, Québec forte et fière (QFF). Ladite conseillère s’en est plainte. M. Mélançon aurait décidé de supprimer ces mentions « j’aime » et ces commentaires.

Mais selon ce qu’a expliqué M. Mélançon aux médias, le conseiller Steeve Verret, de QFF, l’a abordé à la sortie du conseil municipal du 6 février. La discussion aurait dégénéré puis M. Verret lui aurait donné un coup de torse. « C’est exactement ça, il m’a chesté. Il m’est entré dedans à deux pouces du visage. J’ai dit ça, c’est de l’intimidation. »

Climat tendu

Le maire de Québec a réagi brièvement jeudi. Bruno Marchand a d’abord condamné les commentaires de M. Mélançon sur Facebook. Quant au « coup de chest » présumé de son conseiller, il s’est fait avare de commentaires.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le maire de Québec, Bruno Marchand

« Je n’étais pas là, je ne peux pas vous dire s’il y a eu contact, je n’ai pas vu les bandes vidéo, ce n’est pas à moi de m’occuper de ça. Présentement, je ne pense pas qu’il y a matière à aller plus loin », a indiqué Bruno Marchand.

Notre travail, c’est de s’assurer que malgré l’intensité de la politique on s’assure de créer un climat de travail respectueux. C’est le travail de tous les partis.

Le maire de Québec, Bruno Marchand

Lors de sa sortie de jeudi, Stevens Mélançon a indiqué que le chef de la première opposition avait été témoin de l’accrochage du 6 février. En entrevue, Claude Villeneuve affirme qu’il n’a pas vu le coup de torse, même s’il a constaté que la situation était tendue entre les deux hommes.

Le chef de Québec d’abord dénonce lui aussi un climat toxique à l’hôtel de ville, entretenu selon lui par des élus masculins de l’administration Marchand. « Ce n’est pas agréable travailler ici présentement », lâche M. Villeneuve.

« Ce qu’on vit ici, c’est des élus qui se bardassent entre eux. J’ai envie de dire au maire Marchand, qui aime bien faire des sorties contre l’intimidation des élus, qu’il devrait peut-être regarder dans sa cour », lance-t-il.

Des excuses demandées au maire

La deuxième opposition a fait une demande d’accès à l’information pour obtenir la bande vidéo d’une caméra de l’hôtel de ville. Équipe priorité Québec a aussi demandé une lettre d’excuses de M. Verret, pour passer à autre chose. La lettre d’excuse n’est jamais venue et le parti a donc choisi de déballer l’affaire jeudi.

« Ce comportement a été cautionné par le cabinet de Bruno Marchand, parce que la lettre d’excuses n’est jamais venue », accuse M. Mélançon.

Son chef, Patrick Paquet, demande des excuses du maire de Québec. « Ce sont eux qui se vantent de faire de la politique autrement, mais ils font de la politique pareil comme les autres, ils ne font rien de mieux que les autres, dit-il. On demande d’avoir un décorum, plus de sérieux au conseil municipal. »

Les membres de la deuxième opposition ont été questionnés sur leur part de responsabilité dans le climat toxique, que ce soit par des publications sur Facebook ou des déclarations.

Récemment pour dénoncer le prix payé par la Ville pour un évènement organisé par BLEUFEU – qui produit notamment le Festival d’été de Québec – un élu d’Équipe priorité Québec a affirmé que la conjointe d’un conseiller de l’administration Marchand travaillait pour BLEUFEU.

« Non, ça, c’est de la politique. De l’intimidation c’est quand tu vas chester un membre du conseil », a répondu le chef d’Équipe priorité Québec. « Ce n’est pas n’importe qui qui peut faire de la politique. Il faut avoir la couenne dure. »