(Québec) Alors que Québec réclame un milliard au fédéral pour éponger les dépenses liées aux demandeurs d’asile, le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, ramène Jean Charest dans le débat public et affirme que François Legault aurait tout intérêt à s’en « inspirer » dans ses relations avec Ottawa.

Marc Tanguay a vanté les réalisations de l’ancien premier ministre libéral en rappelant que c’est sous son initiative que le Conseil de la fédération a été créé en 2003. Ce forum regroupe les premiers ministres des provinces et des territoires et leur permet de faire des revendications communes face au fédéral.

« Cette diplomatie canadienne a permis de développer un front commun. De donner une position de force au Québec et aux provinces face à Ottawa et d’obtenir, en 2004, une entente sur la santé où le Québec a obtenu ce qu’il voulait, c’est-à-dire 4,3 milliards, indexé à 6 % pour les années qui suivent [pour 10 ans] », a expliqué Marc Tanguay.

« François Legault demandait, pour le Québec, 6 milliards [pour la santé] et il en a obtenu seulement un », a ajouté le chef libéral intérimaire.

Le premier ministre caquiste participe au Conseil de la fédération bien qu’il ait été absent de la dernière rencontre à Halifax en novembre dernier.

« Il voit le fédéral comme une menace »

Marc Tanguay attribue les « échecs répétés » de François Legault au fait qu’il ne croit pas vraiment en la fédération canadienne.

Il voit le fédéral comme une menace, dont ses juges, et il ne bâtit pas de relation avec les autres partenaires fédératifs comme le faisait Jean Charest. […] Je ne manquerai jamais une occasion de demander à François Legault de s’inspirer de Jean Charest.

Marc Tanguay, chef libéral intérimaire

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Jean Charest a été premier ministre du Québec de 2003 à 2012.

Plus tôt cette semaine, quatre ministres du gouvernement du Québec ont interpellé Ottawa pour que soit freinée l’arrivée des demandeurs d’asile et pour qu’ils soient mieux répartis à travers le pays. Le gouvernement caquiste affirme que les coûts associés à l’accueil des demandeurs d’asile dépassent maintenant le milliard de dollars et continue de réclamer un remboursement de la part du fédéral.

Jeudi, le ministre fédéral Pablo Rodriguez n’a pas fermé la porte à négocier avec Québec des montants supplémentaires pour les demandeurs d’asile, mais il a reproché au gouvernement Legault de manquer de sensibilité dans ce dossier.

« Pourquoi être toujours à couteaux tirés avec le gouvernement fédéral ? Pourquoi ne pas tenter d’envisager une relation gagnant-gagnant avec le fédéral ? C’est comme si le fédéral ne pouvait pas gagner quand le Québec gagne », a soutenu Marc Tanguay.

Un prochain chef libéral inspiré de Charest ?

Bien qu’il se permette de donner des conseils à son adversaire politique au sujet de qui il devrait s’inspirer, Marc Tanguay n’a pas voulu en faire de même pour celui qui le remplacera à la tête du Parti libéral du Québec en 2025.

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Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay

« Ça va couler de source pour moi que les candidats vont s’inspirer des bons coups et des succès des premiers ministres libéraux qui nous ont précédés », a-t-il simplement lâché.

Jean Charest a été premier ministre du Québec de 2003 à 2012. Son règne s’est terminé abruptement dans la foulée de l’importante mobilisation du printemps érable qui s’est soldée par la victoire du Parti québécois. Le gouvernement Charest a aussi été entaché par des allégations de corruption, même si aucune accusation n’a été portée contre l’ancien premier ministre. Il a tenté de prendre la tête du Parti conservateur du Canada, mais a été battu à plate couture par Pierre Poilievre en 2023.