(Québec) Rien ne va plus à l’hôtel de ville de Québec, où les relations entre le maire Bruno Marchand et les membres de l’opposition semblent être à leur plus bas une semaine après la sortie de plusieurs élus qui dénoncent un « climat toxique ».

Le maire a défendu jeudi son conseiller Steeve Verret, accusé par le conseiller de l’opposition Stevens Mélançon de lui avoir donné un « coup de torse ». Bruno Marchand a indiqué avoir visionné des bandes vidéo de l’incident et soutenir la version de Verret, qui assure n’avoir « jamais touché » Mélançon.

Le maire Bruno Marchand a proposé aux partis de l’opposition de faire visionner aux médias la vidéo de l’altercation survenue après le conseil du 6 février dernier. Il a demandé à tous les partis leur accord pour montrer les bandes aux journalistes.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le maire de Québec, Bruno Marchand

« Il est primordial pour nous que l’opinion publique puisse se baser sur de vrais faits et non sur des manœuvres politiques. On parle de la réputation de gens ici », a indiqué Bruno Marchand dans une déclaration écrite aux médias.

M. Mélançon et la deuxième opposition ont assuré jeudi être d’accord avec l’idée de faire visionner les bandes aux médias, mais ajoutent que ce serait très compliqué et qu’il faudrait plusieurs autorisations pour le faire dans la légalité.

« Il y a contact. Est-ce qu’il y a torse-à-torse, chest… On ne le voit pas sur la vidéo, mais il y a contact », affirme le chef de la deuxième opposition, Patrick Paquet, qui a aussi pu visionner les bandes. « T’as dit la vérité, Stevens », a-t-il lancé à l’élu de sa formation.

« Le maire ne contrôle pas son équipe »

De son côté, une autre élue, de la première opposition cette fois, a quant à elle dénoncé des actes déplacés dans une sortie la semaine dernière.

Alicia Despins a même déposé une plainte à la Commission municipale du Québec (CMQ). Elle dénonce le comportement de certains élus de la majorité, notamment l’« agressivité » lors des séances du conseil municipal du vice-président du conseil exécutif, Pierre-Luc Lachance.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Alicia Despins

Mme Despins et son chef ont accusé le maire d’inaction. La conseillère demande depuis des jours la mise en place d’une formation obligatoire en prévention du harcèlement en milieu de travail.

« Depuis neuf jours, on a un maire qui est incapable de dire : “Je vais y voir.” Un maire qui cherche juste à rejeter la responsabilité sur les autres, à finasser, à jouer sur les mots, à tout faire pour se défiler, en gros à blâmer les victimes », a lancé jeudi Claude Villeneuve, chef de la première opposition et de l’ancien parti de Régis Labeaume.

Le maire Bruno Marchand a toutefois fait une proposition concrète aux partis de l’opposition : une rencontre de tous les élus à huis clos avec le président du conseil municipal pour discuter de l’éthique et des « comportements appropriés » dans les séances.

Claude Villeneuve a catégoriquement rejeté la proposition. « Si Bruno Marchand pense qu’on va faire une rencontre à huis clos avec lui, avec le degré d’incompréhension de la situation dont il témoigne… Moi, je vois Bruno Marchand se comporter là-dedans, et je considère que ce n’est pas un individu sécuritaire avec qui se retrouver en privé. »

Le chef de la première opposition craint-il à ce point les élus de Québec forte et fière ? « On va être en huis clos et Pierre-Luc Lachance va essayer de nous sauter dessus ? Je pense qu’il ne se contrôle pas, ce gars-là. Je pense que le maire ne contrôle pas son équipe », a répondu M. Villeneuve.

La prochaine réunion du conseil municipal est prévue le 19 mars.