(Québec) La Commission de la représentation électorale (CRE) entend bien poursuivre ses travaux de redécoupage électoral, n’en déplaise aux trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale.

Lundi, le Parti québécois (PQ) a ajouté sa voix à celle du Parti libéral du Québec (PLQ) et de Québec solidaire (QS) pour réclamer une suspension des travaux afin de revoir la loi.

Les partis d’opposition se disent insatisfaits de la proposition de la CRE d’éliminer les circonscriptions de Gaspé et d’Anjou pour en créer deux nouvelles dans le Centre-du-Québec et les Laurentides.

Qu’importe, « les commissaires souhaitent poursuivre leurs travaux, alors que les critères prévus par la Loi électorale sont légitimes et démocratiques », a réagi lundi la porte-parole Julie St-Arnaud-Drolet.

« Le processus de délimitation de la carte électorale doit être indépendant et impartial et une intervention politique à ce stade-ci pourrait compromettre ces principes.

« De plus, conserver la carte actuelle jusqu’en 2030 n’est pas une avenue acceptable aux yeux des commissaires, puisque d’importantes iniquités de représentation sont déjà présentes et ne feront que s’accentuer au fil des ans.

« Si les élus souhaitaient revoir les critères de délimitation, la Commission de la représentation électorale suggère donc de le faire en dehors du processus de délimitation en cours », conclut-elle.

« Très inquiétant », dit PSPP

Selon le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, il est « très inquiétant » de voir la commission rejeter « d’emblée la solution quasi unanime du maintien de la carte électorale pour la prochaine élection ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon

« Comment la CRE peut-elle nous dire d’avance qu’elle s’en fout ? » a-t-il demandé lundi sur le réseau X.

Le mois dernier, en commission parlementaire, le projet de nouvelle carte électorale a été dénoncé par tous les partis d’opposition et par des élus caquistes.

Plusieurs ont déploré que la région de la Gaspésie perdait peu à peu son poids politique, et que la taille de ses circonscriptions devenait démesurée.

« Laissez la Gaspésie tranquille », avait même lancé le député libéral Enrico Ciccone aux commissaires, avant que son parti n’exige que les travaux soient mis sur « pause ».

Le PLQ propose de conserver la carte électorale actuelle pour l’élection de 2026 et d’amorcer une réflexion sur les critères devant être pris en compte pour établir la prochaine carte.

Il bénéficie de l’appui formel de QS et maintenant du PQ.

« Après avoir entendu toutes les parties prenantes, il est évident que la suppression de ces deux circonscriptions serait une grave erreur », a déclaré lundi Paul St-Pierre Plamondon.

Selon lui, la loi est « désuète, notamment parce qu’elle limite à 125 élus le nombre de députés pour représenter une population qui dépasse désormais les 9 millions ».

« La seule solution est donc de rouvrir la loi pour ajouter des sièges, en s’assurant qu’aucune région du Québec ne perde de sa représentativité », a-t-il soutenu.

M. St-Pierre Plamondon a dit attendre que la Coalition avenir Québec (CAQ) donne son appui « pour que l’élection de 2026 se fasse avec la même carte électorale que 2022 et qu’un projet de réforme […] soit étudié ».

Vendredi dernier, la CAQ s’est dite ouverte à discuter des différentes options, sans toutefois endosser clairement la proposition libérale.

La loi prévoit une révision de la carte électorale au Québec après deux élections générales, puisque les mouvements de population créent des inégalités de représentation.

Cette révision est effectuée pour que le Québec soit divisé en 125 circonscriptions d’environ 51 000 électeurs qui ont, autant que possible, des caractéristiques communes.

Une seule exception : la circonscription des Îles-de-la-Madeleine, protégée dans la loi.