(Québec) Vincent Marissal prend Christian Dubé au mot et accepte son invitation de l’accompagner à Ottawa pour réclamer des programmes fédéraux en santé la juste part du Québec. À son tour, le solidaire invite ses collègues de l’opposition à faire partie du voyage.

« Je vais saisir la balle au bond, c’est peut-être une boutade qu’il me faisait […], mais [c’est] plus urgent d’aller à Ottawa », plaide le député de Québec solidaire, en entrevue.

Avant la relâche parlementaire, le ministre de la Santé, qui était talonné par M. Marissal au Salon bleu, l’a invité avec une pointe d’ironie à l’accompagner à Ottawa. Le député de Rosemont demandait à M. Dubé de « rapatrier l’argent du fédéral » de son futur programme d’assurance dentaire pour « l’investir dans une meilleure assurance dentaire gérée ici, par et pour le Québec ».

« Si on peut prendre cet argent-là du fédéral pour venir bonifier nos programmes dentaires, ce sera une très bonne idée », a rétorqué le ministre. « On a tellement une belle collaboration avec Québec solidaire que, s’il veut venir avec moi à Ottawa, je l’invite à venir le faire », a ensuite lancé M. Dubé.

Vincent Marissal estime qu’il est « urgent » dans le contexte d’envoyer un message fort au gouvernement Trudeau que la santé est une compétence des provinces.

Ottawa a récemment laissé savoir qu’il pourrait retenir les 900 millions des transferts fédéraux en santé pour 2023-2024 si Québec ne signe pas une entente bilatérale d’ici au 31 mars.

Le gouvernement libéral s’apprête également à déployer un programme fédéral d’assurance dentaire et un programme national d’assurance médicaments. Québec réclame dans ces deux cas un droit de retrait avec pleine compensation, sans condition.

Encore cette semaine, le ministre Christian Dubé affirmait qu’il est hors de question que Québec laisse le champ libre à Ottawa pour créer un régime d’assurance médicaments sur son territoire1.

« Je suis d’accord avec le fond, je pense que la forme pourrait prendre plus de vigueur », a fait valoir Vincent Marissal. Il propose à M. Dubé et à ses collègues de l’opposition de faire front commun et de se rendre directement à Ottawa pour plaider les doléances du Québec.

On peut envoyer des lettres, mais c’est un peu comme envoyer des lettres au père Noël, tu ne sais pas vraiment s’il existe.

Vincent Marissal, député de Québec solidaire

« De plus en plus, le gouvernement Trudeau semble retourner dans ses vieilles ornières et centralise, centralise… avec la complicité du NPD, il faut le dire », déplore M. Marissal.

Pas de partisanerie

Le député de Rosemont fera parvenir dans les prochains jours une lettre officielle au cabinet du ministre Dubé et aux critiques en santé du Parti libéral du Québec (André Fortin) et du Parti québécois (Joël Arseneau) pour leur faire part de son projet.

« Là-dessus, je pense qu’il n’y a pas de partisanerie », explique le député. « Allons chercher notre argent et après on débattra au Québec [de ce qu’on en fera] », ajoute-t-il.

Encore jeudi, le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, indiquait que le Québec et l’Alberta peuvent faire une croix sur l’idée d’obtenir sans condition une pleine compensation s’ils décident de se retirer du régime national d’assurance médicaments2.

Le projet de loi C-64 prévoit que le financement est conditionnel à la signature d’accords bilatéraux qui élargissent la couverture existante d’un régime d’assurance médicaments public touchant des médicaments sur ordonnance et des produits connexes destinés à la contraception ou au traitement du diabète.

Avec La Presse Canadienne

1. Lisez « Québec attend Ottawa de pied ferme » 2. Lisez « Les provinces ne pourront avoir les fonds sans conditions »