Les propos du ministre conservateur Maxime Bernier, qui exhorte le Québec à cesser de « quêter » de l'argent à Ottawa, ont provoqué une levée de boucliers à l'Assemblée nationale, mardi.

Dans un discours à Montréal, M. Bernier a exhorté le Québec à cesser de traiter l'anglais comme une langue étrangère et à « quémander toujours plus d'argent à Ottawa »

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a rétorqué mardi que le Québec a parfaitement le droit de se prévaloir des programmes que le gouvernement fédéral a lui-même mis en place. 

« On ne quête pas de l'argent, a-t-il déclaré à son arrivée à un caucus des députés libéraux. Ce sont des programmes fédéraux et c'est un système qui n'existe pas seulement depuis hier, mais depuis de longues années. »

Selon le député du Parti québécois, Nicolas Marceau, Maxime Bernier tient un « discours de colonisé ». À ses yeux, il est parfaitement légitime que les Québécois réclament l'aide du gouvernement fédéral, à qui ils versent une bonne partie de leurs impôts. 

« Je changerais n'importe quand le chèque de péréquation que nous recevons d'Ottawa contre une politique industrielle canadienne qui nous avantage au lieu de nous nuire, a dit le député Marceau. Si Ottawa traitait l'aéronautique ou l'hydroélectricité de la même manière qu'il traite le pétrole dans l'Ouest ou l'industrie maritime, on n'en serait pas où on en est. » 

M. Marceau estime que la principale différence entre les provinces qui contribuent au programme de la péréquation et celles qui en bénéficient est l'importance du secteur des ressources naturelles. L'Alberta, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et Terre-Neuve ont toutes une industrie pétrolière et gazière développée. Il estime que Québec peut passer dans le camp des provinces riches s'il leur emboîte le pas.

La Coalition avenir Québec juge que les commentaires du ministre Bernier étaient « malhabiles » et « inutilement provocateurs ». Mais selon le député caquiste Benoît Charrette, il est vrai que la province doit s'affranchir du programme de la péréquation. 

« Je ne pense pas que, pour le Québec, ce soit une source de fierté d'accepter 9,3 milliards en péréquation cette année, a-t-il dit. C'est un montant record. » 

La CAQ souhaite que le gouvernement Couillard adopte rapidement des mesures pour rendre les entreprises québécoises plus compétitives afin de créer de la richesse. 

Oliver en rajoute 

La sortie de Maxime Bernier est survenue le matin où son collègue aux Finances, Joe Oliver, rencontrait son homologue provincial Carlos Leitao. Au terme de son tête-à-tête, le grand argentier du gouvernement Harper a émis le souhait que le Québec devienne un contributeur au programme de péréquation. 

« Je veux que le Québec soit un contributeur à l'économie canadienne », a déclaré M. Oliver lors d'un passage à Québec. 

« La conséquence de devenir plus prospère est que le Québec n'aura pas besoin de la péréquation, a-t-il ajouté. Ce serait un résultat très souhaitable. » 

Le ministre conservateur juge que le Québec a tous les outils pour devenir une force économique majeure au sein du Canada. La province compte notamment sur une population scolarisée, des services financiers forts et plusieurs entreprises actives dans le secteur des ressources naturelles, a-t-il fait valoir. 

Il y a deux semaines, M. Leitao a appelé Ottawa à donner un coup de pouce financier à son gouvernement, qui est confronté à une impasse budgétaire de 3,7 milliards. Le gouvernement Harper, qui se retrouvera avec un surplus budgétaire l'année prochaine, a rétorqué qu'il n'est pas question de partager le pactole avec les provinces. Une position qu'a réitérée le ministre Oliver mardi matin. 

« Quand on arrivera à un surplus l'année prochaine, c'est diminuer les impôts pour les contribuables canadiens, a-t-il dit. Mais on va continuer à faire des transferts aux provinces. On ne va pas diminuer les montants aux individus et aux provinces. Même que le niveau va augmenter. » 

- Avec Tommy Chouinard