Le lieutenant québécois du Parti libéral du Canada, Denis Coderre, a fait une apparition remarquée, samedi, lors d'un rassemblement des libéraux provinciaux du premier ministre Jean Charest, qui avaient claironné avec vigueur leur indépendance du cousin fédéral l'automne dernier.

M. Coderre, qui participait à son premier conseil général du Parti libéral du Québec depuis trois ans, a reconnu que sa présence avait un caractère symbolique.

«Je n'ai pas de mandat spécifique mais c'est sûr que comme lieutenant du Québec, ça a une valeur de symbole», a-t-il dit aux journalistes lors d'un point de presse.

M. Coderre a affirmé qu'il s'était toujours senti le bienvenu au PLQ, même durant la période difficile où les libéraux fédéraux ont été éclaboussés par le scandale des commandites, qui a éclaté en 2005.

«J'ai toujours été bien accueilli, peu importe la conjoncture, a-t-il dit. Maintenant, on est en mode préélectoral mais ce n'est pas à cause de ça que je suis ici, je serais venu «anyway'.»

Alors qu'un déclenchement d'élection est possible à tout moment à Ottawa, à cause de la position minoritaire du gouvernement conservateur, M. Coderre a affirmé qu'il s'était rendu à Laval pour «écouter» et rencontrer des organisateurs et des militants intéressés à être candidats pour le PLC.

«Il y a des gens qui militent dans les deux partis qui aimeraient devenir candidats, a-t-il dit. C'est un secret de polichinelle, ça fait plusieurs mois qu'on est en recrutement.»

Lors du dernier conseil général du PLQ, en septembre dernier, M. Charest avait positionné son parti comme la seule des trois formations de l'Assemblée nationale à n'avoir aucune affiliation déclarée avec un parti fédéral.

A quelques jours du déclenchement d'une élection qu'il a remportée, le chef libéral avait rappelé que cette indépendance était l'héritage de son prédécesseur, Jean Lesage.

M. Coderre a déclaré, samedi, qu'une distinction claire existe entre le PLC et le PLQ même si beaucoup de militants sont membres des deux formations.

«Personnellement, j'ai toujours été proche du Parti libéral du Québec, a-t-il dit. Rouge à Québec, rouge à Ottawa, dans le respect des institutions et des organisations. On ne mêle pas les choses.»

La ministre du Développement durable et de l'Environnement, Line Beauchamp, a affirmé que le PLQ était un parti fédéraliste ouvert aux observateurs.

Mme Beauchamp a indiqué que M. Coderre était son ami mais que sa présence ne témoignait en rien d'un rapprochement particulier entre les deux formations.

«C'est deux entités différentes, c'est deux organigrammes différents, c'est deux structures différentes, c'est deux partis qui sont indépendants», a-t-elle dit.

Durant la dernière campagne électorale fédérale, M. Charest a tiré à boulets rouge sur les conservateurs du premier ministre Stephen Harper, notamment dans le dossiers des subventions aux activités internationales des artistes et aux organismes de développement économique régional.

Au cours des derniers mois, les différends entre les deux hommes se sont multipliés, notamment en janvier, quand M. Charest s'est heurté à l'inflexibilité de M. Harper concernant sa volonté de plafonner les versements de péréquation, qui vont faire perdre 1 milliard $ par année au Québec.

Samedi, M. Coderre s'est dit favorable à ce que tout changement à la péréquation soit le fruit de consultations mais il n'a pas voulu dire si son parti renoncerait à lier l'augmentation des versements aux provinces au taux de croissance de l'économie.

«Je ne suis pas ici pour vous dire quelle sorte de péréquation on va avoir, a-t-il dit. (...) On s'assoira avec M. Charest quand on sera au pouvoir. Ce qu'on lui dit c'est qu'il n'y aura plus de surprises et au lieu d'avoir des calculs qui changent aux années, on devrait avoir une entente à long terme.»