Les populations autochtones du Canada sont durement touchées par la toxicomanie et l'alcoolisme: en 2007, 58% des jeunes de 15 à 17 ans étaient des consommateurs de drogue et d'alcool, selon des chiffres officiels communiqués vendredi à Montréal.

Ghislain Picard, chef régional des Premières nations au Québec et Labrador et André Lebon, de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), sont tombés d'accord pour affirmer, lors d'une conférence de presse, que le problème était avant tout historique et social.

Ils regrettent que les moyens utilisés pour traiter les addictions ne soient pas toujours adaptés aux besoins.

Si 40 % des hommes et 32 % des femmes autochtones présentent des problèmes d'alcool ou de drogue, c'est en partie dû à la «dénaturation de notre culture» qui a entraîné une perte de repères au sein des communautés, dit Ghislain Picard, qui est d'origine algonquienne.

Au Nunavik, dans le grand nord canadien, la précarité économique est également responsable de la situation, explique André Lebon. Le manque de logements est notamment en cause: «En moyenne, les Inuits vivent à douze dans des maisons conçues pour cinq».

Au Québec, 5% des jeunes de moins de 18 ans ont affaire à la DPJ, tandis qu'au Nunavik le taux est de 30%. La moitié d'entre eux ont moins de six ans.

Lebon fait également le lien entre la dépendance (à l'alcool et à la drogue) et les sévices physiques et sexuelles dont les jeunes Inuits sont plus souvent victimes que les jeunes québécois.

«Il s'agit bien souvent d'un cercle vicieux, les jeunes reproduisent ce qui se passe chez eux», relève-t-il.

En 2009, les 29 places du centre de la DPJ au Nunavik étaient occupées en permanence, et, faute de place, 30 jeunes ont été envoyés au Sud pour se faire traiter mais «c'est souvent en vain car quand ils reviennent sur place, l'environnement n'a pas changé et ils rechutent.»

Si André Lebon évoque un certain fatalisme chez les Inuits, Ghislain Picard a affirmé à l'AFP: «Il faut retrouver la fierté de nos origines, c'est notre seule porte de sortie face aux dépendances».