L'Ordre des ingénieurs du Québec constate une explosion du nombre de demandes d'enquête concernant ses membres, dont une importante proportion ont trait à des questions d'éthique.

La présidente de l'Ordre, Maud Cohen, n'est donc nullement surprise dans ce contexte de voir que des soupçons de collusion pèsent sur des firmes de génie-conseil impliquées dans le domaine de la construction d'ouvrages publics.

L'Ordre a vu le nombre de demandes d'enquête adressées à son syndic passer de 80 en 2008 à 400 en 2009 et, depuis le début de 2010, ce nombre atteint 350. Parmi ces quelque 750 demandes en près de deux ans, plus de 200 sont d'ordre non technique, c'est-à-dire qu'elles visent des questions d'ordre éthique.

Le bureau du syndic a d'ailleurs fait l'objet d'une restructuration et l'Ordre prévoit y injecter 1,3 million $ d'ici deux ans.

Dans le cas de collusion entre firmes, toutefois, l'organisme doit se résigner à l'impuissance: la loi ne lui donne pas le pouvoir d'enquêter sur des firmes, mais bien uniquement sur des membres individuels.

Mme Cohen réitère avec empressement la demande d'une enquête publique sur l'industrie de la construction, estimant que toute la profession se trouve entachée par les allégations qui se multiplient.

De son côté, Yves Lavoie, le président du Réseau des ingénieurs du Québec, l'association professionnelle qui regroupe les 60 000 ingénieurs québécois, se dit surpris non pas des nouvelles allégations, mais bien du fait qu'il n'y en ait pas eu plus tôt.

Il rappelle que le Réseau avait publié un sondage réalisé auprès de plus de 13 000 ingénieurs en février dernier qui révélait que près des trois quarts des ingénieurs disaient avoir été témoin ou avoir entendu parler, ailleurs que dans les médias, de cas de favoritisme dans le domaine de la construction.

Selon ce même sondage, un ingénieur sur trois travaillant dans le domaine de la construction indiquait que son entreprise avait déjà été confrontée à un cas de favoritisme.