Le scandale des appels frauduleux est une «campagne de salissage» fomentée par des partis de l'opposition frustrés par le résultat des dernières élections, a affirmé hier le premier ministre Stephen Harper.

Les appels trompeurs qui ont dirigé des électeurs vers de faux bureaux de vote lors de la dernière campagne ont une fois de plus dominé les échanges aux Communes, hier. Après avoir passé les derniers jours sur la défensive, le gouvernement conservateur est passé à l'attaque.

Stephen Harper nie catégoriquement que son parti soit à l'origine de la campagne d'appels automatisés qui a perturbé le vote à Guelph et dans plus de 40 circonscriptions au pays. Il assure que ses troupes collaborent à l'enquête lancée par Élections Canada pour faire la lumière sur cette affaire.

«Le Parti conservateur a rendu disponibles toutes ses informations à Élections Canada, a-t-il affirmé en Chambre. Le Parti conservateur n'a pas fait d'appels inappropriés. Je conclus que ce n'est qu'une campagne de salissage par un parti qui a perdu l'élection.»

Les partis de l'opposition accusent depuis une semaine les conservateurs d'être à l'origine d'une vaste campagne téléphonique destinée à empêcher des citoyens d'aller voter. Ils affirment que les électeurs de plus de 40 circonscriptions ont été induits en erreur par des appels provenant tantôt de messages automatisés, tantôt de véritables téléphonistes.

Ils montrent en exemple le cas de Guelph, qui fait l'objet d'une enquête d'Élections Canada avec l'aide de la Gendarmerie royale du Canada. Dans cette circonscription ontarienne, des électeurs ont reçu des appels d'un cellulaire appartenant à un dénommé «Pierre Poutine» les informant faussement que leur bureau de vote avait déménagé.

La centrale téléphonique qui a diffusé les appels, la société RackNine, a entretenu des liens étroits avec le candidat conservateur dans Guelph, Marty Burke. Son équipe a appelé la firme 31 fois pendant la campagne. Le Parti conservateur à Ottawa a appelé la firme 40 fois, selon des documents produits devant un tribunal d'Edmonton. Les partis de l'opposition ont réclamé une enquête en profondeur pour faire la lumière sur cette affaire. Le Bloc québécois a notamment suggéré que l'ancien directeur d'Élections Canada, Jean-Pierre Kingsley, se penche sur le dossier.

Un cas isolé

«On est préoccupés par le fait que les conservateurs refusent de donner davantage de pouvoirs au directeur général des élections d'Élections Canada afin d'aller fouiller dans les factures, les contrats, l'ensemble des dossiers des campagnes électorales», a affirmé le député néo-démocrate Alexandre Boulerice.

«Il semble qu'Élections Canada n'a pas les ressources nécessaires pour faire l'enquête qu'il faut faire», a renchéri le chef libéral Bob Rae.

La controverse qui enflamme la Chambre des communes depuis une semaine est «complètement exagérée», selon Doug Finley, architecte du succès électoral des conservateurs lors des campagnes de 2006 et de 2008. Aujourd'hui sénateur, il a aussi conseillé la formation politique lors des élections de 2011. «Nous faisons des millions et des millions d'appels pendant une campagne, a-t-il illustré. Le taux de plaintes est infiniment petit. Si Walmart avait une telle précision, ils seraient ravis.»