Le flirt qu'a eu Thomas Mulcair en 2007 avec les conservateurs de Stephen Harper est revenu hanter, vendredi, le meneur de la course à la direction du NPD, au moment où les membres du parti commencent à voter par la poste.

Deux quotidiens - The Toronto Star et The National Post - ont évoqué dans leurs pages vendredi les pourparlers qu'a eus M. Mulcair avec le Parti conservateur avant de passer définitivement dans le camp du NPD.

Certaines de ces informations avaient déjà été publiées en juillet dernier. Mais le National Post avance, en citant une source conservatrice anonyme, que M. Mulcair avait posé comme condition l'obtention d'un poste à la table du cabinet pour se joindre aux conservateurs. Stephen Harper aurait rejeté cette demande.

Le principal intéressé a catégoriquement démenti avoir posé une telle condition, précisant qu'il avait été courtisé par quatre partis fédéralistes à Ottawa - le Parti conservateur, le NPD, le Parti libéral et le Parti vert - après avoir claqué la porte du gouvernement de Jean Charest.

Il a confirmé avoir eu des discussions avec les conservateurs par l'entremise d'un ami conservateur de la région de Québec, qui souhaitait redonner de la crédibilité au gouvernement Harper dans le dossier de l'environnement en recrutant Thomas Mulcair.

«Les conservateurs m'ont offert deux postes seniors, un poste à la tête d'une agence fédérale et l'autre poste en tant que conseiller senior», a dit M. Mulcair au Toronto Star.

Les pourparlers auraient été rompus au moment où un émissaire conservateur lui aurait affirmé qu'il devrait modifier son appui au protocole de Kyoto. Selon M. Mulcair, les conservateurs voulaient manifestement se servir de lui pour redorer leur blason dans le dossier de l'environnement, qui demeure leur talon d'Achille depuis leur arrivée au pouvoir.

Course à la direction du NPD

Cette affaire refait surface alors que les quelque 130 000 membres commencent à voter par la poste pour le prochain chef du parti, qui sera élu à Toronto le 24 mars.

Elle revient aussi hanter M. Mulcair alors que lui et les six autres candidats dans la course à la direction du parti - les députés Paul Dewar, Peggy Nash, Niki Ashton et Nathan Cullen, l'ancien président du parti Brian Topp et l'homme d'affaires de la Nouvelle-Écosse Martin Singh - se préparent pour l'avant-dernier débat de la course à Montréal, dimanche.

Ni M. Mulcair ni son équipe de campagne n'ont rappelé La Presse vendredi. Mais des partisans du député d'Outremont se sont portés à sa défense.

«Les attaques récentes envers M. Mulcair ne sont que la preuve qu'il mène la course et qu'il est redouté par ses adversaires», a lancé le député néo-démocrate de Sherbrooke, Pierre-Luc Dusseault, l'un des 42 députés qui appuient M. Mulcair dans la course.

M. Dusseault faisait ainsi allusion à deux comptes sur le site Twitter qui ont été créés au cours des derniers jours pour lancer des attaques anonymes contre le député d'Outremont.

Le candidat Paul Dewar a aussi défendu M. Mulcair. «Je connais Tom depuis cinq ans. Soyons clairs: il n'est pas un conservateur. Laissons les tactiques de salissage au Parti conservateur et au Parti libéral. Restons unis», a-t-il affirmé sur son compte Twitter.

Mais du côté de l'équipe de Brian Topp, on soutient qu'il incombe à M. Mulcair de s'expliquer. «Des questions importantes ont été soulevées dans divers médias. Il appartient à M. Mulcair d'y répondre et il serait inopportun de le faire à sa place. Nous réserverons donc nos commentaires à un moment subséquent», a indiqué Éric Demers, porte-parole de la campagne de M. Topp.