Une banale histoire de kiosque d'information dans un cégep a causé un quiproquo entre l'association étudiante du Collège Édouard-Montpetit et des représentants du Parti québécois.

C'est l'association étudiante de ce cégep de Longueuil qui a tiré la sonnette d'alarme, mercredi, en diffusant un communiqué pour dénoncer l'insistance de certains représentants du Parti québécois à vouloir installer un kiosque d'information sur l'éducation au cégep, même après que l'association le leur eut refusé.

Dans son communiqué, l'association étudiante affirme carrément que le PQ l'a harcelée par téléphone et par courriels.

En entrevue, le président de l'association étudiante, David Charbonneau, a expliqué que ce n'est pas que l'association s'opposait au Parti québécois en tant que tel, mais plutôt qu'elle a comme politique, lorsqu'un parti veut rencontrer les étudiants, d'inviter tous les partis politiques pour donner une information plus complète aux étudiants.

M. Charbonneau rapporte qu'après que l'association étudiante eut exprimé ce refus au PQ, «des attachés politiques» et des représentants des députés locaux du Parti québécois auraient insisté, en téléphonant et en adressant des courriels, pour demander s'il n'était pas possible de changer d'idée. «Ils nous ont fait beaucoup de pression au téléphone», a relaté M. Charbonneau.

La direction du cégep a confirmé qu'un représentant du PQ aurait également insisté auprès d'elle, après qu'on l'eut informé de la politique de l'association étudiante d'inviter tous les partis. «Il a insisté pour avoir quand même un kiosque et pour souligner que ce n'était pas dans le cadre de la campagne électorale», a rapporté Guy Bédard, directeur des affaires étudiantes et communautaires.

Le cégep prend habituellement ce genre de décision en collaboration avec l'association étudiante, a-t-il expliqué, puisqu'il s'agit de gens qui veulent rencontrer des étudiants.

M. Bédard précise toutefois que comme il était également prévu que des députés du Parti québécois rencontrent le directeur général du cégep, et qu'il s'agit là d'élus de l'Assemblée nationale qui rencontrent des représentants d'institutions publiques, on a dérogé à la règle et une table et des chaises ont finalement été mis à la disposition du PQ pour qu'il puisse y monter un kiosque.

«On leur a fait une place spéciale. Il s'agissait quand même de représentants de l'Assemblée nationale qui désiraient venir faire un point sur des questions d'éducation; ça nous concernait. Le collège n'était pas confortable, dans ce contexte-là, de leur refuser ça», a expliqué M. Bédard.

La direction du cégep a donc rencontré les députés péquistes Marie Malavoy (députée de Taillon et porte-parole du PQ pour les dossiers d'enseignement supérieur), Sylvain Gaudreault (Jonquière) et Alexis Wawanoloath (Abitibi-Est). Ceux-ci ont ensuite tenu un point de presse à l'extérieur du cégep, comme il était d'ailleurs prévu.

En bout de ligne, le Comité national des jeunes du PQ a choisi de ne pas occuper la table et les chaises mis à sa disposition pour y monter son kiosque.

En entrevue, la présidente du comité, Isabelle Fontaine, a assuré que ni elle ni personne du PQ n'a insisté pour installer le kiosque du PQ au cégep. «Pas du tout, pas du tout», a-t-elle dit.

«Il y a peut-être des gens qui sont venus les voir en disant que le Parti québécois devait... il y a eu toutes les discussions 'est-ce qu'ils ont droit de nous empêcher» et tout. Non, peut-être que légalement ils n'ont pas le droit de nous empêcher. Mais à aucun moment on a eu l'intention de contrevenir à leurs règlements généraux», a ajouté la présidente du Comité national des jeunes du PQ.

Selon Mme Fontaine, le PQ fait actuellement deux tournées, l'une des députés du Parti québécois qui rencontrent des représentants d'institutions et de groupes dans les régions, et l'autre du Comité des jeunes du PQ, qui rencontre des jeunes dans les cégeps et les universités.

Elle affirme n'avoir jamais vu une telle directive à l'égard des partis politiques, surtout en l'absence de campagne électorale au provincial. «Ils ont une façon de fonctionner qui est différente de partout ailleurs», a-t-elle conclu.

L'Action démocratique du Québec a mis son grain de sel dans ce quiproquo. «Le Parti québécois manque de respect envers l'association (étudiante) en tentant d'imposer son modèle de pensée dans le collège», a affirmé la présidente de la Commission des jeunes de l'ADQ, Catherine Goyer, dans un communiqué.