La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a reconnu hier que la hausse du nombre de professeurs sans permis n'est «pas ce que l'on souhaite». Mais elle a tenu à rassurer les parents: «Ce n'est pas parce que ces personnes n'ont pas de permis qu'elles ne sont pas aptes à enseigner», a-t-elle dit.

Comme l'a révélé La Presse hier, il y avait 2345 professeurs sans permis dans les écoles du Québec l'an dernier, une hausse de plus de 1000% en cinq ans. «On n'accepte pas n'importe qui, a fait valoir Mme Courchesne. Les commissions scolaires analysent soigneusement chaque dossier.»

 

Il est vrai que 70% des professeurs qui ont eu des tolérances d'engagement en 2007-2008 détiennent un baccalauréat ou une maîtrise. Mais 210 profs sans permis n'avaient qu'un diplôme du collégial et 57 qu'un diplôme du secondaire.

Ces gens n'ont pas de formation en pédagogie, essentielle selon Spencer Boudreau, vice-doyen à la faculté d'éducation de l'Université McGill. «Ce n'est pas vrai que si on connaît une matière, on peut l'enseigner, a-t-il fait valoir. Ça prend les deux. J'ai vu des gens avec un doctorat en mathématiques ne pas être capables d'enseigner cette matière au secondaire.»

Manque d'attrait

La pénurie de profs qualifiés, «alors qu'il y a diminution du nombre d'élèves», trouble également Manon Bernard, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement. «Depuis l'instauration du baccalauréat de quatre ans en enseignement, le contingentement n'a jamais été atteint, a-t-elle indiqué. Pourquoi les jeunes ne choisissent-ils pas cette profession? C'est une question qu'on pose.»

«Pendant leurs cinq premières années d'enseignement, le quart des jeunes profs partent», a ajouté Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement. Il a aussi dénoncé le «très haut taux de précarité» observé chez les jeunes profs. «On dirait qu'on ne veut pas embaucher à long terme, a-t-il dit. La précarité, ça fait peut-être des gens plus dociles, mais ça ne rend pas service à long terme.»

Un exemple : des profs sont en train d'être formés pour enseigner le nouveau cours Éthique et culture religieuse, à McGill. Or, même s'il y avait 241 profs sans permis dans ce domaine l'an dernier, rien ne garantit que les futurs diplômés seront embauchés. « On va voir si les commissions scolaires vont les engager, a dit Spencer Boudreau, vice-doyen à la Faculté d'éducation de McGill. Dans le passé, il n'y a souvent eu que des bouts de tâche à offrir dans cette matière. Même quand les profs sont qualifiés, il n'y a pas toujours de l'emploi pour eux. »