Huit ans après le début de la réforme, le ministère de l'Éducation indique enfin "«ce que les élèves doivent apprendre chaque année».

Un document détaillant les connaissances à acquérir en orthographe et en conjugaison au fil du primaire vient d'être publié. D'autres portant sur la ponctuation, la structure de la phrase, les fonctions et les accords seront dévoilés plus tard cette année. «On va le faire pour d'autres matières l'an prochain, mais on commence par le français», a dit lundi à La Presse Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de la ministre de l'Éducation.Avec la réforme, les enfants devaient atteindre des compétences telles que «lire et écrire des textes variés» et «apprécier des oeuvres littéraires». Le document Progression des apprentissages en français précise qu'ils devront désormais orthographier correctement 3000 mots fréquents à la fin du primaire. Dès la fin de la 1re année, ils devront identifier les voyelles et les consonnes dans un mot, reconnaître les lettres de l'alphabet, en plus de les nommer dans l'ordre alphabétique. Un total de 28 connaissances à atteindre sont énumérées en orthographe et 45 en conjugaison.

Dans une lettre adressée aux enseignants, la ministre Michelle Courchesne dit que ce document «pourra (les) aider à mieux soutenir l'apprentissage de la langue française par les élèves». Il s'agit carrément d'une «réécriture des savoirs essentiels contenus dans le programme de français du primaire», lit-on dans la présentation.

Le Ministère propose des stratégies pour mémoriser et comprendre ces connaissances, telles que la copie de mots, le recours aux règles et la consultation de dictionnaires. Très classiques, ces moyens sont loin des «situations d'apprentissage» qui permettent à l'enfant d'apprendre par lui-même, selon l'esprit de la réforme.

 

«En deçà du programme de 1994», selon la FAE

 

«C'est une correction qui était nécessaire et qui est bienvenue, a commenté Arlette Pilote, présidente de l'Association québécoise des professeurs de français. La progression et la hiérarchisation des apprentissages, on peut dire que ça aurait déjà dû être plus apparent dans le programme.»

Mme Pilote aurait aimé que le document aille plus loin en précisant à quel moment il faut enseigner de façon systématique chacun des apprentissages, «mais ça n'entrait pas dans la logique du programme», a-t-elle dit. Le texte reste centré sur le point de vue de l'élève, décrit comme en cours d'apprentissage ou capable d'atteindre l'objectif seul.

«En mettant en évidence l'apprentissage systématique et explicite des connaissances, ce document est important et rejoint l'une de nos demandes», a indiqué Manon Bernard, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement.

«Il y a un certain ménage qui a été fait, a corroboré Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement. Mais on pense que ce document est en deçà du programme de 1994. Les temps composés comme le futur antérieur, le plus-que-parfait, le conditionnel passé n'ont pas à être mémorisés comme à l'époque, ils ont plutôt à être reconnus dans un texte. Vous comprendrez que ce n'est pas du tout la même chose.»

Reste aussi à savoir comment l'acquisition de ces connaissances se traduira dans les bulletins, toujours basés sur une liste de compétences à atteindre. «Nous souhaitons pouvoir évaluer ces connaissances-là, a indiqué M. St-Germain. On est en attente de précisions.»

Le langage des compétences est simplifié 

Pour simplifier la réforme, le ministère de l'Éducation vient de publier la liste des compétences attendues des élèves traduites «en termes usuels». Déjà, la célèbre compétence «Actualiser son potentiel» avait été remplacée par «Faire des efforts» et «Mettre en oeuvre sa pensée créatrice» par le concis «Créer».

Primeurs cette année: les compétences de quatrième secondaire ont été revues. En science et environnement, la compétence «Chercher des réponses ou des solutions à des problèmes d'ordre scientifique» devient «Résoudre des problèmes». Les compétences du nouveau cours d'éthique et culture religieuse n'ont toutefois pas été changées, ce que déplore la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). Il s'agit toujours de «Manifester une compréhension du phénomène religieux», de «Réfléchir sur des questions éthiques» et de «Pratiquer le dialogue». Et ce, dès le primaire.

«Pratiquer le dialogue, ce n'est pas évident pour les parents, ce que cela veut dire», a fait valoir Marie Rancourt, responsable des dossiers pédagogiques à la FSE.

Sur Internet:

> Pour consulter le document Progression des apprentissages en français - Enseignement primaire, consultez le lien suivant : https://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/index.asp?page=fiche&id=626

> Pour consulter le document Libellé des compétences en termes usuels, consultez le lien suivant : https://www.mels.gouv.qc.ca/sections/programmeFormation/index.asp?page=libelles