Raphaël Chénier, 5 ans, a eu cinq professeurs de maternelle depuis le début de l'année scolaire. En deux mois à peine.«Ça n'a pas de bon sens, a dit Geneviève Guérin, sa mère. J'avais un enfant heureux d'aller enfin à l'école, qui fait maintenant des crises quotidiennes pour ne pas y aller.»

La Commission scolaire de Montréal le confirme: une maternelle de l'école Maisonneuve a vu défiler quatre enseignantes «et peut-être une remplaçante » depuis la rentrée, a indiqué hier Alain Perron, porte-parole de la CSDM. La véritable titulaire du groupe n'est même pas du lot, puisqu'elle est en congé de maternité.

«Les élèves garderont le même enseignant toute l'année», avait pourtant promis la CSDM en avril 2007, après avoir conclu une entente avec le syndicat d'enseignants. Tous les changements devaient dorénavant se faire dans les trois premiers jours d'école. «Fini le jeu de chaises musicales, pouvait-on lire dans le communiqué de la CSDM. L'enseignant affecté à un groupe restera avec ses élèves toute l'année, et pour toute la durée du remplacement d'un congé de maternité.»

Dans la classe du petit Raphaël, l'enseignante qui a commencé l'année a accepté un poste permanent ailleurs, le 8 septembre. «La politique de stabilité de personnel ne s'appliquait pas, parce qu'il y avait une permanence à la clé », a expliqué M. Perron. Cette prof a été remplacée temporairement par une deuxième enseignante, qui a dû céder sa place à une autre ayant plus d'ancienneté. Cette troisième est tombée enceinte et a dû partir en retrait préventif avant même de rencontrer ses nouveaux élèves. Une quatrième a pris la place, puis la troisième est revenue, après avoir fait une fausse couche. Une cinquième a fait de la suppléance à un moment indéterminé du processus.

«Ça ne peut pas fonctionner comme ça, a tranché Mme Guérin. Jusqu'à maintenant, il semble beaucoup plus important de respecter une liste d'ancienneté que de respecter la stabilité et l'épanouissement des enfants. Avec le prof qui change aux deux semaines, le lien de confiance s'installe difficilement.»

«C'est un concours de circonstances», a plaidé M. Perron. Dans l'ensemble de la CSDM, la stabilité est plus grande qu'avant, a-t-il assuré. Les assemblées de placement ont lieu plus tôt dans l'année, et les postes sont maintenant affichés par internet, «ce qui a amélioré les choses», selon lui.

«La CSDM est allée trop loin en disant qu'elle pouvait assurer la stabilité, a estimé Yves Parenteau, porte-parole de l'Alliance des professeurs de Montréal. Personne n'est immunisé contre les maladies et on ne peut pas contrôler les naissances.»

Seule une des cinq enseignantes est tombée enceinte, et les autres n'étaient pas malades, a répliqué Mme Guérin. «Je crois qu'il y a un grave problème de gestion.»