Pour contrer le décrochage scolaire, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) va adopter d'ici quelques semaines son Plan réussir. Basé sur 221 pistes de solutions - comme la maternelle à 4 ans, la lutte serrée contre l'absentéisme et la promotion accrue du français -, ce plan vise à redresser la situation alarmante révélée hier par La Presse.

La CSDM a perdu 5500 élèves au secteur des jeunes en quatre ans et le taux d'obtention d'un diplôme du secondaire en cinq ans n'y était que de 40,7% en 2007. «Ce plan s'ajoute à tout ce qui se fait déjà en matière de persévérance scolaire», a indiqué hier Alain Perron, porte-parole de la CSDM.

 

«On espère que ce Plan sera porteur d'innovations, et non pas contraignant», a commenté Gaétan Neault, président de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire. Les directeurs sont conscients qu'ils ont de nombreux problèmes à résoudre, selon lui. «On y fait face, mais il y a encore beaucoup à faire, c'est certain», a convenu M. Neault.

Cri d'alarme des profs

L'Alliance des professeurs de Montréal a lancé «un cri d'alarme» hier. «Il faut soutenir l'école montréalaise, parce qu'il y a une situation de crise en ce moment», a dit Yves Parenteau, porte-parole de l'Alliance. Pour freiner la baisse du nombre d'élèves, «il faut le plus tôt possible remettre en question les subventions au privé», a-t-il estimé. Une baisse graduelle de ces subventions sur cinq ans est suggérée par ce syndicat.

Christine Fournier, présidente du Comité central des parents de la CSDM, était plus rassurante. «On peut être alarmiste, dire qu'on n'enverra pas son enfant dans une école publique. Moi, j'habite à Ville-Émard et je peux vous dire que ce n'est pas dangereux du tout, que l'école Honoré-Mercier est une bonne école. J'estime que l'école publique a sa place et qu'elle va tout faire pour améliorer ses résultats», a-t-elle dit.

L'application partielle de la réforme - seuls 47% des enseignants du primaire la mettent totalement en oeuvre selon la CSDM - n'a pas étonné un prof qui a contacté La Presse. «On est plusieurs dans ce bain: pleins de bonne volonté, voulant l'appliquer, mais sur le terrain, c'est une évidence que de larges aspects sont juste impossibles à appliquer», a-t-il témoigné.

Montréal subventionne les familles qui achètent en ville

Quant à la Ville de Montréal, elle s'est dite confiante de freiner l'exode des familles vers la banlieue. «En 2008, le flux migratoire des jeunes familles vers l'extérieur de Montréal a diminué de 10% par rapport à l'année précédente», a indiqué Cosmo Maciocia, responsable de l'habitation au comité exécutif de la Ville.

Plus de 1250 ménages - des gens âgés de moins de 34 ans dans les deux tiers des cas - ont acheté une propriété à Montréal en 2008 avec l'aide de subventions offertes par la Ville, a fait valoir M. Maciocia. Une nouvelle campagne publicitaire, visant à promouvoir Montréal comme lieu de «vie proche de tout», sera d'ailleurs lancée lundi prochain.