La grève des professeurs de l'UQAM, qui durait depuis plus de six semaines, a pris fin hier après-midi. Réunis en assemblée générale, les professeurs ont accepté à 91% la dernière proposition patronale. Les cours reprendront lundi.

L'entente conclue entre l'université et le Syndicat des professeurs de l'UQAM (SPUQ) prévoit des augmentations de salaire de 11% sur trois ans et l'ajout de 145 postes. Puisque l'institution n'a pas les moyens de payer ces augmentations sans creuser son déficit, Québec a dû allonger 20 millions pour la dépanner.Avant le conflit de travail, le salaire des professeurs variait de 57 438$ à 109 768$ par année, selon leur catégorie (professeurs adjoints, agrégés ou titulaires) et leur ancienneté. C'était de 10% inférieur à la moyenne salariale dans les autres universités québécoises, selon une étude de la firme comptable Aon.

Si l'entente avalisée hier ne comble pas cet écart, elle permet néanmoins aux professeurs de rattraper la moyenne dans les autres établissements du réseau de l'Université du Québec.

«C'est une opération d'équité, a indiqué la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne. Pourquoi un professeur de l'UQAM serait-il moins bien payé qu'un professeur de l'Université du Québec à Trois-Rivières, à Chicoutimi, ou à Rimouski?»

La proposition a satisfait les professeurs, qui l'ont majoritairement appuyée. «Nous sommes heureux du résultat. Nous sommes toutefois déçus de voir que c'est surtout le gouvernement qui a travaillé dans cette histoire et non pas l'UQAM», a dit la présidente du SPUQ, Michèle Nevert.

Le recteur Claude Corbo a souligné que l'entente permettra à l'UQAM de mieux concurrencer les autres universités québécoises. «Grâce à la correction salariale, nous disposons de la capacité d'attirer et de retenir des bons professeurs», a-t-il indiqué.

Mais la ministre de l'Éducation souhaite éviter que cette concurrence ne mène à une surenchère salariale à l'avenir. C'est pourquoi les institutions devront dorénavant faire approuver leurs cadres financiers par le gouvernement avant d'entamer des négociations avec leurs employés. «On va amorcer des discussions avec l'ensemble des universités pour nous assurer que nous avons des politiques salariales qui respectent les capacités de payer des Québécois», a-t-elle dit.

Négociations intenses

Les professeurs de l'UQAM étaient sans convention collective depuis deux ans. Au moment du déclenchement de la grève, ils demandaient des augmentations salariales de 11,6% sur trois ans et la création de 300 nouveaux postes. Ils ont finalement accepté de faire des concessions.

Cette semaine, les négociations s'étaient intensifiées. Mercredi, les deux parties étaient venues près d'une entente. Le syndicat avait accepté une offre de la direction qui prévoyait une hausse salariale de 11% sur quatre ans et la création de 145 postes. Mais le SPUQ avait opposé trois conditions. Il réclamait notamment une augmentation salariale paritaire avec le réseau de l'Université du Québec; l'UQAM a finalement cédé à cette demande.

Les professeurs de l'UQAM réclamaient aussi le règlement de la convention collective des 27 maîtres de langues, qui sont aussi représentés par le SPUQ, et la bonification du protocole de retour au travail.

«Toutes nos conditions ont été acceptées», a dit Mme Nevert. Elle a ajouté toutefois que le syndicat est «déçu de l'attitude de la direction envers l'École de langues». Les maîtres de langues, qui ont accepté l'offre patronale à 66%, hier après-midi, ont obtenu la création d'un seul poste alors qu'ils en demandaient neuf.

Il était minuit moins une pour les professeurs de l'UQAM. Hier, La Presse avait annoncé que le gouvernement se préparait à imposer une loi spéciale si rien ne se réglait avant lundi.