Tirant sa révérence après 11 ans à la tête de la Fédération des commissions scolaires, André Caron a lancé hier «un cri du coeur pour la valorisation de l'école publique». Propager les bons coups du public - et cesser graduellement de subventionner le réseau privé - sont ses suggestions pour y arriver.

«Je suis pour les écoles privées, mais sans fonds publics», a-t-il précisé à La Presse. Réunis en congrès à Montréal, les 300 délégués des commissions scolaires demanderont samedi à la ministre de l'Éducation de mettre en place un plan de valorisation du réseau public.

 

«Pas nécessairement une campagne de publicité qui coûtera 2 millions, sera vue cinq fois et c'est fini, a dit M. Caron. Ça peut être régional.» Un plan d'action «dans le but de hausser le taux de réussite» sera aussi réclamé.

Toutes les régions du Québec ont tenu, ces derniers mois, des assises sur la persévérance scolaire, à l'appel de la Fédération. «À Montréal, 600 personnes y ont participé, a souligné M. Caron. On vient de sensibiliser beaucoup de monde.»

Le constat dressé après ce vaste exercice? L'école publique doit s'adapter à des situations «de plus en plus complexes», a dit le président. Assurer des services équivalents partout devient un défi considérable pour les commissions scolaires, qui doivent avoir «les ressources nécessaires» pour réaliser cette mission.

Des solutions au décrochage

Concrètement, le bilan souligne l'importance d'offrir un large éventail de parcours alternatifs aux jeunes décrocheurs, du dépistage précoce des difficultés, de la présence d'adultes significatifs à l'école, etc.

L'ajout de services (travailleur social, psychologue, etc.) en formation professionnelle, la signature d'ententes avec les employeurs pour les sensibiliser à l'importance des études sont proposés.

Les commissions scolaires demandent aussi l'accès aux banques de données pour pouvoir joindre les décrocheurs, une idée dont on s'étonne qu'elle n'ait pas surgi plus tôt.

Fier d'avoir envoyé ses enfants au public, André Caron a joint un comité d'école en 1979 et n'a pas quitté le milieu depuis. «Il y en a qui me disent: ça fait 100 ans que t'es là!» a-t-il souligné à la blague.

C'est plutôt en 1998 qu'il a été élu président de la Fédération. «Depuis mon arrivée - mais pas juste à cause de moi - les gouvernements successifs ont réinvesti en éducation», s'est-il félicité.

M. Caron s'est réjoui de l'adoption du projet de loi 88, qui donne «davantage de responsabilités» aux élus et aux commissions scolaires.

Reste à faire coïncider les élections municipales et scolaires, l'un de ses voeux.

«On me dit que c'est compliqué, mais faut oser», a-t-il souhaité.

À bientôt 63 ans, André Caron compte prendre un congé sabbatique et voyager.

Quant à son successeur, qui sera élu samedi, il espère qu'il profitera de son élan pour «poursuivre la valorisation de l'école publique».

 

Le décrochage...

À Laval: taux de décrochage de 27% (moyenne de 2002-2003 à 2006-2007) légèrement inférieur à celui du Québec, qui est de 28,1%.

> En Montérégie: taux de décrochage de 27,6%, un peu en dessous du taux québécois. Mais il y a un grand écart entre les sexes: 15,6% des hommes de 25 à 34 ans de Montérégie n'ont aucun diplôme, contre 9,5% des femmes. Dans certains milieux, le taux de décrochage atteint 50% chez les garçons.

> À Montréal: taux de décrochage de 31,7%, pire que la moyenne québécoise. Chez les garçons, il est de 36,8%, et chez les filles, de 26,4%. À Montréal, «la persévérance et la réussite scolaire sont des défis de taille», reconnaît la Fédération des commissions scolaires.

Source: Bilan des assises régionales sur la persévérance scolaire, mai 2009, Fédération des commissions scolaires du Québec. Comprend les commissions scolaires anglophones et francophones.

 

Qui prendra la tête des commissions scolaires?

C'est samedi matin que 300 délégués des commissions scolaires éliront leur nouveau président. Sont en lice: Josée Bouchard (vice-présidente de la FCSQ et présidente de la c.s. du Lac-Saint-Jean), Suzanne Chartrand (présidente de la c.s. des Patriotes) et Yvon Lemire (président de la c.s. Chemin-du-Roy).