Fin 2008, Hydro-Québec a décidé de donner 200 000$ au Collège Brébeuf. Le PDG d'Hydro, Thierry Vandal, diplômé de cet établissement, a participé à la décision. Devant le risque d'une controverse, le collège vient de renoncer à la contribution.

De son côté, Hydro-Québec annonce qu'elle n'effectuera plus de dons à des écoles privées. Ce matin, La Presse a posé une série de questions à la société d'État et au Collège Jean-de-Brébeuf sur cette nouvelle contribution. Au cours de l'après-midi, l'une et l'autre ont émis des communiqués.

«Il n'y aura plus de dons à des écoles privées, non, ça c'est sûr», a dit le directeur des relations publiques d'Hydro, François Taschereau. Le Collège Brébeuf, un établissement d'enseignement secondaire et collégial privé, a décidé de renoncer à la contribution de 200 000$ en raison de la controverse provoquée par une contribution similaire au Collège Notre-Dame, a indiqué le directeur des ressources humaines de Brébeuf, Russell Flanagan. Une somme déjà reçue de 40 000$ a été retournée à la société d'État, a-t-il dit.

La semaine dernière, La Presse avait révélé qu'Hydro-Québec avait décidé de verser 250 000$ à la fondation du Collège Notre-Dame. M. Vandal est le président du conseil d'administration de cet autre collège privé de Montréal. Il y a fait ses études secondaires.

Dans son communiqué, Hydro-Québec indique qu'elle n'a fait aucune contribution à d'autre établissement d'enseignement secondaire. Cela signifie que les deux contributions prévues l'étaient aux deux collèges qu'a fréquentés M. Vandal.

M. Taschereau a indiqué que M. Vandal n'a pas participé à la décision de contribuer à la fondation du Collège Notre-Dame, étant donné qu'il préside le conseil d'administration de ce collège. En revanche, il a bel et bien pris part à la décision du comité d'Hydro-Québec visant à contribuer au collège Jean-de-Brébeuf.

«M. Vandal a effectivement fait ses études collégiales à Brébeuf, a dit M. Taschereau. Mais cela fait 30 ans. Depuis, il n'a joué aucun rôle dans cette institution. Sa participation à la décision de verser une contribution au collège ne pose aucun problème. En revanche, il avait un lien avec le Collège Notre-Dame, et c'est pourquoi il s'est retiré du comité quand la décision de lui verser une contribution a été prise.»

Dans son communiqué, le collège Jean-de-Brébeuf affirme que le but de la contribution était de «rendre les installations sportives du collège accessibles aux jeunes des communautés avoisinantes pendant la période estivale».

Pierre Saint-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement, s'étonne. «Le Collège Brébeuf est déjà lourdement subventionné par les fonds publics, a-t-il dit. Les collèges privés sont financés à hauteur de 60% par l'État québécois, soit 500 millions de dollars par année. Ce serait bien le comble si leurs installations n'étaient pas accessibles aux communautés environnantes.»

«Nous étions déjà scandalisés par la contribution au Collège Notre-Dame, a ajouté M. Saint-Germain, qui dirige le principal syndicat d'enseignants du sud du Québec. Avec Brébeuf, nous sommes doublement scandalisés. Je ne comprends pas comment une société d'État peut utiliser son argent d'une façon aussi frivole. Je ne comprends pas comment M. Vandal a pu participer à la décision de contribuer à Brébeuf. On est en plein dans le copinage. »

Le Collège Brébeuf est reconnu comme le collège de l'élite francophone montréalaise. Il ne semble pas que cette institution d'enseignement soit la plus démunie au Québec. La Fondation du patrimoine Jean-de-Brébeuf a des actifs de 10,4 millions, selon sa dernière déclaration à Revenu Canada.

Le Collège Brébeuf a approché Hydro-Québec l'automne dernier. En décembre, la société d'État acceptait de lui verser 200 000$ en cinq ans. Une première tranche a été envoyée au printemps. «40 000$, ce n'est pas un gros montant, a dit Russell Flanagan, le directeur des ressources humaines du collège. Cela paie à peine le salaire annuel d'une personne pour surveiller les installations sportives. »

«Le projet (de partenariat avec Hydro-Québec) aurait permis de rendre nos installations sportives, inoccupées pendant l'été, accessibles à des jeunes vivant dans le quartier Côte-des-Neiges/Notre-Dame-de-Grâce, indique le collège dans son communiqué. Convaincus du bien-fondé d'un tel projet, nous tenterons de trouver un nouveau partenaire pour assurer sa réalisation. Cette décision ne remet pas en cause la construction du nouveau complexe sportif du collège, dont l'inauguration est prévue en janvier 2010. »

Pierre Saint-Germain, le président de la Fédération autonome de l'enseignement, affirme que cet argument est «une esquive ». «Pourquoi faudrait-il des dons d'Hydro-Québec pour permettre aux enfants du quartier de fréquenter les installations sportives de collèges financés par les fonds publics? » demande-t-il. Les syndicats d'enseignants affirment que les polyvalentes publiques sont gravement sous-équipées et ont besoin d'aide de façon bien plus criante.

La semaine dernière, pris dans la tourmente, le Collège Notre-Dame a lui aussi décidé de renoncer à la contribution d'Hydro-Québec. Il a retourné la première tranche de 50 000$.