Il semble loin d'être acquis que le gouvernement Charest respectera son engagement de répondre à la demande croissante de places en garderie.

A l'heure actuelle, on est très loin du compte quant aux places déjà annoncées, et le gouvernement tarde à lancer les appels d'offres pour rendre disponibles les 15 000 nouvelles places promises.

A ce propos, le ministre de la Famille, Tony Tomassi, se fait rassurant, mais refuse de s'engager à lancer le processus d'appels d'offres cet automne.

Or, l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) a calculé que pour éviter une interruption dans la croissance du réseau, le gouvernement devrait mettre en branle le processus dès maintenant.

A l'été 2008, l'ex-ministre de la Famille, Michelle Courchesne, s'était par ailleurs engagée à créer, avant la fin de l'été 2010, 18 000 places à contribution réduite. Un an plus tard, à mi-chemin de l'échéance, on est loin du but avec seulement 5300 nouvelles places disponibles pour les enfants, selon les plus récentes données du ministère.

La situation est encore pire en milieu autochtone, alors que seulement 12 pour cent des 575 places promises ont vu le jour depuis.

Le critique péquiste en la matière, le député Nicolas Girard, parle d'une véritable «crise d'accessibilité».

«Le gouvernement développe les places au compte-goutte, alors que le Québec connaît un mini-baby-boom», déplore-t-il.

C'est un fait que depuis 2006 le nombre de naissances au Québec a fait un bond spectaculaire, atteignant cette année quelque 87 000. Sans surprise, la demande pour des places en garderie suit la même courbe ascendante.

Dans ce contexte, les parents doivent plus que jamais s'armer de patience. Le temps d'attente pour une place à 7 $ tend à s'allonger et dépasse désormais deux années.

Au total, 40 pour cent des enfants ne trouveront pas de place dans une garderie à 7 $.

M. Girard juge inacceptable que le ministre Tomassi n'annonce pas dès maintenant un engagement financier pour les 15 000 places promises par le premier ministre Jean Charest durant la campagne électorale.

Mais il faut dire que la promesse libérale consistait à créer 15 000 places, au coût de 195 millions $, «durant le mandat», sans échéance précise.

De son côté, lors d'une entrevue récente à La Presse Canadienne, le ministre Tomassi a réaffirmé qu'il n'y aurait pas d'interruption dans le processus de création de places.

«Mon intention, c'est qu'il n'y ait pas d'interruption. C'est très important», a-t-il indiqué, refusant de planifier un appel d'offres cet automne, et sans dire pourquoi.

Il assure que les 18 000 places planifiées l'an passé seront disponibles comme prévu l'an prochain.

Les délais de construction des installations sont souvent plus longs que prévu. «On met de la pression», dit le ministre, soucieux de respecter les échéanciers.

Le Québec compte à l'heure actuelle 206 472 places à 7 $. L'objectif du gouvernement est de faire grimper ce nombre à 220 000, d'ici un an, et 235 000, d'ici 2012.

Même si c'est le cas, tous les besoins seront loin d'être comblés.

«On aimerait dire aux parents: vous aurez une place à 7 $ quand vous en aurez besoin, mais ce n'est pas la réalité», constate Marie-Claude Sévigny, directrice générale de la Coopérative Enfance-Famille, à Montréal, en déplorant que le Québec n'ait pas encore su s'adapter à la hausse du taux de natalité.

Rien que pour la Coopérative Enfance-Famille, la liste d'attente compte 40 000 noms.  De plus en plus, pour augmenter leurs chances de décrocher une place à 7 $ avant que leur petit chérubin ne sache lire et écrire, les femmes s'inscrivent sur les listes d'attente quand bébé n'est encore qu'un foetus.

En 2012, on prévoit que les services de garde grugeront 2,3 milliards $ de fonds publics.