Des classes moins bondées. C'est que qu'a promis la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, lors de la dernière campagne électorale, avec une baisse de 10% du nombre d'élèves dans toutes les classes, de la troisième année du primaire jusqu'à la cinquième secondaire. «Si on peut le faire pour septembre 2009, on va le faire, avait-elle dit à La Presse. On va procéder selon le rythme des commissions scolaires, mais je pense que ça va être possible, dans une grande proportion, dès la prochaine rentrée.»

En ce jour de rentrée scolaire, la réalité est plus décevante. Seules les classes de troisième année primaire seront moins peuplées cette année, avec un maximum de 26 élèves plutôt que 27. Rien n'a changé pour les autres degrés dans les écoles ordinaires.

«Ça nous déçoit, ce ne sera pas une baisse significative, a dit hier Manon Bernard, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement. C'est un élément important, les baisses de ratio. Il y a des gens qui disent qu'un ou deux élèves en moins, ça ne fait pas de différence, mais ce n'est pas vrai!»

C'est la crise économique qui aurait poussé le gouvernement à étaler sur plusieurs années la réalisation de cette promesse, dont le coût avait été évalué à 56 millions par an pour l'embauche de 1000 profs supplémentaires.

En milieu défavorisé, le nombre maximal d'enfants passe de 27 à 24 en troisième année et de 29 à 24 en quatrième année. Rien n'est prévu en cinquième et sixième année, alors qu'une diminution de 20% avait été annoncée avant les dernières élections.

Plus d'enfants doivent changer d'école

Autre hic: même minimes, ces baisses ne seront peut-être pas appliquées partout, faute de locaux ou de budget. «On procède, a assuré Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ). C'est une mesure qui est bien accueillie dans certains milieux mais qui a eu des effets pervers dans d'autres puisqu'elle amène une réorganisation des classes.»

Que faire avec le 27e enfant d'une classe de troisième année, soudainement de trop? «Dans les petites commissions scolaires et en région rurale, les baisses de ratio ont entraîné plus de transferts d'une école ou d'un village à l'autre, a indiqué Mme Bouchard. Ça a amené du mécontentement chez les parents.»

À Montréal aussi, des enfants devront changer d'école. La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), qui couvre l'ouest de Montréal, «a choisi de gérer les baisses de ratio avec des transferts administratifs d'élèves quand il y a des dépassements», a confirmé à La Presse Brigitte Gauvreau, porte-parole de la CSMB. Environ 80 transferts étaient prévus en date de mardi à la CSMB.

Pénurie de salles de classe

Autre problème: à Saint-Laurent et Sainte-Anne-de-Bellevue, il y a pénurie de salles de classe. Ce sera bientôt réglé à Saint-Laurent, avec l'ouverture de deux nouvelles écoles en 2010, mais aucune construction n'est prévue à Sainte-Anne-de-Bellevue. «On attend de voir l'effet du ralentissement économique sur la construction immobilière», a expliqué Mme Gauvreau.

Même situation à Saint-Amable, où les écoles sont pleines. «Cette année, ça va, a dit Pierre Laverdure, porte-parole de la commission scolaire des Patriotes. Mais si le nombre d'élèves d'autres degrés baisse éventuellement, il faudra des locaux supplémentaires.»

Dans la région de Vaudreuil, où il y a un boom de population, «ça n'a pas été catastrophique, a indiqué Colette Frappier, porte-parole de la commission scolaire des Trois-Lacs. Présentement, tout le monde est placé. C'est plutôt au préscolaire qu'il y a beaucoup de demande.»

À la Commission scolaire de Montréal, la baisse de ratio ne posera pas de problème d'espace ou de recrutement de personnel, a dit Alain Perron, porte-parole de la CSDM. Même optimisme aux commissions scolaires de Laval, Marie-Victorin et des Grandes-Seigneuries (CSGS). «Nous prévoyons pouvoir baisser les ratios, a indiqué Fannie Deschamps, porte-parole de la CSGS. Nous saurons environ une semaine après la rentrée si nous sommes à même de le faire.»