Être trouvé en possession de drogue ou d'alcool mène au renvoi automatique dans bien des écoles privées. Mais une foule d'autres raisons font qu'on montre la porte aux jeunes : vol, harcèlement, taxage, bagarre, déclenchement injustifié du système d'alarme, piratage informatique, plagiat, etc. Voire un «comportement jugé contraire aux valeurs préconisées par le Collège» (à Jean-Eudes), une «mauvaise conduite» (à Regina Assumpta) ou «lorsqu'un élève exerce sur le milieu une influence nocive» (à Brébeuf).

Pour la drogue, «le message est tellement clair dans le milieu que les jeunes savent que la consommation, c'est tolérance zéro», souligne Normand Brodeur, directeur pédagogique du collège Saint-Sacrement. Plusieurs se font néanmoins pincer - et expulser - chaque année.

Exiger plus de 60 %

Les élèves doivent aussi briller dans leurs études pour éviter le renvoi. Avoir la note de passage de 60 % n'est souvent pas suffisant. À Brébeuf, il faut une moyenne générale d'au moins 65 %. Au collège Sainte-Anne, c'est 67 %, voire 70 % ou 80 % dans les programmes spécialisés en sport, musique ou études internationales. À Saint-Sacrement, on exige 68 %.

«Parfois, les gens nous disent : «Vos élèves faibles, vous les renvoyez dans d'autres écoles», reconnaît Mario Vachon, directeur général du collège Saint-Alexandre. Sauf que nos élèves faibles ne le sont pas vraiment. Peut-être que le rythme qu'on impose ici est trop rapide pour eux mais, une fois à la polyvalente, c'est fréquent qu'ils aient une moyenne de 80 %.» Alors pourquoi ne pas les garder ? Parce que Saint-Alexandre est réservé aux élèves capables de suivre un programme enrichi, répond M. Vachon.

Coupe distinguée obligatoire

Plusieurs autres règles - dont l'infraction ne mène pas au renvoi - encadrent strictement les élèves des écoles privées. Les bouteilles d'eau sont souvent interdites, comme les lecteurs MP3, les chaussettes à motifs (!) ou le fait de circuler à gauche dans les corridors. Autre exemple : «Les manifestations sentimentales de nature amoureuse ou amicale ne sont pas tolérées», prévient sévèrement l'école Regina Assumpta.

Même les chevelures font l'objet de règlements. Si, à Brébeuf, les cheveux doivent être « propres et peignés », à Sainte-Anne, «la coupe doit faire preuve de distinction», tandis qu'à Jean-Eudes elle doit respecter «le décorum qui sied à un milieu d'études sérieux» !

Ces règles sont là pour poser des limites claires, explique Kathleen Caissy, directrice du Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie. «Qu'est-ce qu'on fait à 14 ou 15 ans ? On essaie de franchir les limites, indique-t-elle. S'il n'y en a pas, on fait des choses plus graves pour attirer l'attention.»