Étudiant au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, Youssoufa Sall a obtenu 0% à l'un de ses examens finaux le printemps dernier, car il a été accusé de plagiat. En contestant ce résultat, le jeune homme a été choqué de voir que l'enseignante l'accusant d'avoir triché faisait elle-même partie du comité de révision de sa note. «Ça biaise les résultats!» déplore M. Sall.

Le cas de cet étudiant n'est pas exceptionnel. Dans la majorité des cégeps de la région de Montréal, les enseignants qui se retrouvent au coeur d'une demande de modification de note sont membres des comités de révision.

Au cégep Saint-Laurent, la Politique institutionnelle d'évaluation des apprentissages (PIEA) précise que le comité de révision de notes «est composé de trois personnes dont le professeur concerné». Au cégep Édouard-Montpetit, «l'enseignant concerné siège d'office au comité de révision auquel se joignent deux autres enseignants».

Le président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ), Jean Trudelle, explique que cette façon de faire est même prévue dans la convention collective des enseignants. «Les professeurs de cégep utilisent des barèmes pour évaluer leurs étudiants et l'analyse de ces barèmes est propre à chacun. Les professeurs concernés par une révision de note doivent absolument être là pour s'expliquer», résume M. Trudelle.

Mais pour M. Sall, il serait préférable que, tout comme l'étudiant, le professeur plaide simplement sa cause devant le comité de révision.

À Montréal, deux cégeps semblent partager la vision de M. Sall. Au collège André-Grasset, les étudiants qui font une demande de révision de note peuvent voir leur copie recorrigée par deux autres professeurs.

Et dans le cas d'un plagiat, l'enseignant et l'élève concernés doivent soigneusement compiler par écrit leur version des faits. «Un comité formé de trois personnes est formé et analyse les deux versions», explique l'adjointe au directeur des études d'André-Grasset, Céline Pelletier.

À Grasset, le comité de révision est composé d'un membre nommé par le syndicat des enseignants, d'un membre nommé par l'Assemblée générale des élèves et de Mme Pelletier. «Le professeur concerné ne peut pas être membre du comité parce qu'il ne doit pas être à la fois juge et partie», justifie Mme Pelletier.

Le collège de Maisonneuve adopte une approche semblable.

Puisqu'il est soumis à la Loi sur la protection des renseignements personnels, le cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu ne peut commenter le cas de M. Sall. Mais la responsable des communications, Nathalie Beaudoin, assure que «toutes les procédures ont été respectées».

Dans la PIEA du cégep, on peut en effet lire que le comité de révision de note est composé «du coordonnateur de département, du professeur concerné et de deux enseignants du département».

La vice-présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Ariane Brisson, dit avoir «de la difficulté à comprendre» comment les enseignants concernés par des demandes de modification de note peuvent faire partie des comités de révision. «Mais que voulez-vous? C'est une clause qui est prévue dans la convention collective des profs!» dit-elle.