Pauline Marois réclame une révision en profondeur du cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) afin d'y soustraire la promotion du multiculturalisme.

L'Action démocratique du Québec, de son côté, revient à la charge avec sa proposition de moratoire sur l'enseignement de ce cours controversé.

La chef du Parti québécois a nuancé, vendredi, la position exprimée la veille par son député et porte-parole en matière d'éducation, Pierre Curzi, qui suggérait la mise au rancart du programme d'étude.

«Ce que Pierre Curzi a dit, c'est que nous croyons que ce cours devrait être requestionné. Nous devrions, à mon point de vue, amener les gens qui l'ont conçu en commission parlementaire pour essayer de vider la question», a dit Mme Marois, en entrevue à La Presse Canadienne.

La chef péquiste, qui appuyait le cours d'ECR en 2008, se défend de rompre avec sa position antérieure. Elle dit avoir accordé son soutien au programme «dans la perspective où il y avait une transmission des connaissances sur l'histoire des religions et qu'une place prépondérante était accordée à nos réalités historiques».

Or, une étude de la chercheure Joëlle Quérin, publiée la semaine dernière par l'Institut de recherche sur le Québec, est venue tout remettre en question.

Le cours d'ECR, souligne l'étude, néglige sa mission d'enseignement au profit d'un «endoctrinement» des élèves en faveur du multiculturalisme et des accommodements raisonnables.

La doctrine du multiculturalisme, chère à l'ancien premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, est rejetée par le PQ parce qu'elle relègue l'identité nationale québécoise au rang d'une communauté parmi d'autres dans la mosaïque canadienne.

«Jamais nous ne cautionnerons un cours qui fait la promotion du multiculturalisme. Cela va à l'encontre de ce que l'on défend depuis des décennies», a fait valoir Mme Marois.

Sans être aboli, le programme d'éthique et de culture religieuse doit impérativement être revu et recentré sur sa mission d'enseignement, insiste la leader souverainiste.

«Il faut refaire le point et réenligner le cours pour la prochaine rentrée de l'automne», a-t-elle dit.

L'étude Quérin donne raison à l'ADQ qui demande depuis un an et demi un moratoire sur l'enseignement du cours, a pour sa part ajouté le chef adéquiste Gérard Deltell.

Selon lui, il faut suspendre le programme et prendre le temps de le repenser de fond en comble.

«Faisons un moratoire, prenons un temps d'arrêt pour se demander ce que l'on veut enseigner à nos enfants, quel héritage voulons-nous leur léguer avec ce cours-là», a-t-il dit.

A ses yeux, les objectifs poursuivis par le programme sont flous au point que les enseignants ne savent pas trop comment se comporter en classe.

Les exemples troublants qui sont rapportés à intervalle illustrent, selon le leader de l'ADQ, la nécessité d'un temps d'arrêt.

«Quelqu'un me disait que sa fille s'était fait dire en classe qu'on ne pouvait plus parler de Noël et qu'il fallait employer l'expression «temps des Fêtes». (...) En secondaire deux, un questionnaire demande à un élève: Es-tu un garçon, une fille ou tu ne le sais pas? On est rendu là. C'est quoi cette affaire-là?», a lancé M. Deltell.