Les Commissions scolaires anglophones de Montréal, qui perdent énormément de clientèle depuis cinq ans, tentent de recruter de nouveaux élèves en faisant la promotion de l'enseignement du français dans leurs écoles.

La commission scolaire English Montreal (CSEM) et la commission scolaire Lester B. Pearson se lancent au même moment dans d'importantes campagnes visant à promouvoir la qualité du français dans leurs écoles. «On veut que les gens sachent que nos élèves sortent parfaitement bilingues de l'école», dit la présidente de la CSEM, Angela Mancini.

 

La CSEM a lancé, hier, une vaste campagne de promotion pour séduire les parents. «On estime que plus de 10 000 enfants qui pourraient fréquenter les écoles anglophones se tournent vers le réseau francophone parce que leurs parents croient qu'ils y feront un meilleur apprentissage du français. On veut leur montrer que notre enseignement de cette langue est aussi excellent», affirme Mme Mancini.

Les écoles anglophones offrent trois programmes de formation en français. «Nous avons l'enseignement de base; le programme bilingue, où les jeunes reçoivent environ 50% de leur formation en français; et le programme immersion, où ils reçoivent jusqu'à 85% de leur formation en français», énumère le directeur général par intérim de la CSEM, Mario Tirelli. «Les résultats de nos élèves aux tests de français sont aussi bons que ceux du réseau francophone», ajoute Mme Mancini.

Au cours des trois dernières années, la CSEM a perdu en moyenne 900 élèves par année. «On perd des enfants pour les banlieues. La loi 104 nous prive aussi d'une certaine clientèle», explique M. Tirelli.

La loi 104 interdit aux immigrés d'envoyer leurs enfants dans une institution privée non subventionnée pendant quelque temps pour pouvoir ensuite les envoyer dans une école publique anglophone. La Cour suprême a déclaré cette loi inconstitutionnelle l'automne dernier. Mais cette décision est suspendue, car Québec songe à modifier la loi 104. «La loi 104 ne nous a pas aidés, commente Mme Mancini. On espère qu'elle ne sera pas durcie.»

Francos et fermeture

À la commission scolaire Lester B. Pearson (CSLBP), la baisse de clientèle a été de 2300 élèves au cours des cinq dernières années. Pour ralentir cette chute, la CSLBP a décidé d'améliorer la qualité du français dans ses écoles. «C'est ce que veulent les parents, affirme le président de la CSLBP, Marcus Tabachnick. On créera plus de programmes d'immersion. Il faut préparer nos jeunes à rester au Québec.»

Dès le printemps prochain, le français sera donc enseigné de façon plus intensive dans les écoles primaires de la CSLBP. Les écoles secondaires suivront à partir de 2011-2012.

Plusieurs enseignants maîtrisant le français devront être engagés. «Notre recrutement est déjà commencé. Nous voulons plus d'enseignants francophones, mais nous ne ferons pas de mises à pied», assure M. Tabachnick.

«Parmi nos 2000 enseignants, 400 sont déjà en train de se tourner vers le français, ajoute le président du Syndicat des enseignants de Pearson, John Donnely. Mais si plusieurs programmes changent comme prévu, on devra engager plus de profs. Ça va être un beau défi. On a déjà des pénuries en sciences, en maths et en français.»

L'initiative de la CSLBP n'empêchera toutefois pas la fermeture de quelques écoles dès l'automne prochain. La baisse de clientèle a été telle que la CSLBP ne peut faire autrement. Ainsi, l'école Jubilee, à Pointe-Claire, l'Académie Purcell, à Pierrefonds, et l'école Bishop Whelan, à Dorval, fermeront leurs portes.

Ces décisions ont été prises après plus d'un an de consultations auprès de la population. Même si elle apprécie le fait d'avoir été consultée, la présidente du conseil d'établissement de l'Académie Purcell, Marie-Josée Auger, est triste de voir disparaître son école. «On y offrait déjà des programmes bilingues et d'immersion. Plusieurs enfants y venaient parce que la formation est exceptionnelle. Mais on comprend qu'il fallait rationaliser les dépenses», dit-elle.

Mme Auger, dont les enfants fréquentent un programme d'immersion, reconnaît que les familles anglophones souhaitent plus que jamais que leurs enfants maîtrisent parfaitement la langue française à leur sortie de l'école: «On veut les préparer au marché du travail québécois, note-t-elle. Pour attirer la clientèle, il faut améliorer le français dans les écoles anglaises.»