La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a salué hier «le travail colossal» réalisé par la Commission scolaire de Montréal et l'Alliance des professeurs de Montréal, qui se sont entendues, après plusieurs mois de travaux, sur une réforme de la réforme.

Les deux parties ont en effet envoyé cette semaine à la ministre un document d'entente visant à remettre les connaissances, avant les compétences, au coeur de l'évaluation des élèves du Québec. Bref: le savoir avant le savoir-faire.

L'an dernier, la ministre, lors du dévoilement de son plan pour la persévérance scolaire (L'école, j'y tiens), avait justement annoncé son intention de simplifier, dès la rentrée de 2010, le processus d'évaluation en vue d'évaluer «les connaissances acquises». «Il y aura des changements importants, a-t-elle commenté hier. Mesurer l'acquisition des connaissances, pour moi, c'est un incontournable, et c'est vers ça qu'on se dirige.»

Le document de la CSDM et de l'Alliance va exactement en ce sens. En gros, il recommande non seulement que l'on cesse d'évaluer des compétences transversales, mais «d'abord et avant tout, et de façon prioritaire et primordiale, qu'on évalue les connaissances», a expliqué hier le porte-parole de l'Alliance, Yves Parenteau.

Cette évaluation devrait être «simplifiée et explicite» et se faire selon des «balises claires».

Quant aux compétences à évaluer, elles seraient réduites de moitié (de 19 à 9), pour alléger à la fois le travail des professeurs et les résultats transmis aux parents. Bref, on simplifie le bulletin.

«Depuis neuf ans, la question qu'on se fait le plus souvent poser par les parents, c'est: «Qu'est-ce qu'une compétence transversale? Apprécier une oeuvre littéraire en première année? Mais mon enfant ne sait même pas lire!» Maintenant, on dit qu'on va donner une note sur le bagage de connaissances», s'est félicité Yves Parenteau.

Enfin, les examens ministériels, qui s'étirent parfois sur deux semaines, souvent aux mois d'avril et mai, seraient concentrés en une demi-journée, à la fin du mois de juin.

Est-ce pour autant la fin de la réforme? Non, rétorque le porte-parole de l'Alliance, puisque plusieurs éléments clés de cette réforme demeurent: le découpage par cycles, la maternelle à temps plein, les commissions scolaires linguistiques et (autre sujet chaud pour l'Alliance) la politique d'adaptation scolaire.

«Nous nous entendons sur le dossier de l'évaluation», s'est aussi félicitée hier Diane De Courcy, la présidente de la CSDM. Vrai, cela a peut-être pris 10 ans. «Mais il a fallu d'abord mettre le programme en plan, au fur et à mesure que nous avons constaté que les mécanismes d'évaluation n'étaient pas les bons. Nous nous sommes attablés pour trouver quelque chose de convenable. Il s'agit maintenant de faire les correctifs.»

De son côté, la Fédération des comités de parents craint qu'on ne se lance dans une «réforme de la réforme de la réforme». «Ça fait 10 ans qu'on se chicane sur le dos de nos enfants, a fait remarquer son président, François Paquette, hier. À un moment donné, il va falloir qu'on se branche une fois pour toutes. De l'évaluation des connaissances, il y en a toujours eu. Il va falloir qu'on arrête de faire des chicanes de sémantique et qu'on s'attaque à la réussite.»