Dès l'an prochain, les élèves de maternelle de la commission scolaire des Hautes-Rivières, dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu, n'auront plus qu'une seule période d'éducation physique par cycle de six jours au lieu de trois. Cette mesure d'économie, fortement critiquée par les enseignants, respecte toutefois la loi. Au Québec, aucun règlement n'oblige les écoles à offrir des cours d'éducation physique au préscolaire.

«Il n'y a pas de seuil au préscolaire», confirme la porte-parole du ministère de l'Éducation du Québec (MELS), Ahissia Ahua. En comparaison, les élèves de première année doivent recevoir au moins deux heures d'éducation physique par semaine.

Jusqu'ici, les 38 écoles primaires de la commission scolaire des Hautes-Rivières offraient plus de cours sportifs que ce que demande le MELS. «On avait trois périodes en six jours à la maternelle. On revient à une seule, ce qui se fait pas mal partout ailleurs au Québec », dit la directrice des ressources éducatives, Marie-Thérèse Delfosse, tout en reconnaissant que cette décision repose sur des questions budgétaires.

La présidente du syndicat des enseignants, Nathalie Côté, est déçue: «Avec les cours d'éducation physique, on prévient l'obésité, on donne le goût de bouger... Là, on diminue les services aux élèves. Mais on ne peut rien faire, car la commission scolaire respecte la loi.»

Selon Mme Côté, il est important que les enfants de 5 ans soient mis en présence de «spécialistes pour développer leur motricité».

La présidente de la Coalition Poids, Sylvie Pellerin, partage cet avis: «L'Organisation mondiale de la santé recommande 60 minutes d'exercice par jour pour les jeunes enfants et suggère des cours d'éducation physique quotidiens! Très peu d'écoles atteignent ce seuil.» Selon Mme Pellerin, alors qu'un enfant sur quatre souffre d'embonpoint ou d'obésité au Québec, il est essentiel de prendre «tous les moyens pour faire bouger les jeunes». 

Un gros problème

Professeur à la faculté d'éducation physique de l'Université de Sherbrooke, Sylvain Poulin qualifie de «problématique» l'offre de cours d'éducation physique au préscolaire.

L'automne dernier, il a publié une étude sur les pratiques sportives et alimentaires des jeunes de 4 à 17 ans dans la région de Sherbrooke. Selon ses constats, plus de la moitié des enfants n'atteignent pas les 60 minutes d'activité physique quotidienne recommandées.

Encore plus troublant : les élèves de la maternelle ont moins d'occasions de bouger. Seulement 16 des 34 classes de maternelle qu'a sondées M. Poulin offraient des périodes de récréation, et le tiers organisait des activités de psychomotricité.

«La plupart des classes de maternelle offrent moins de 30 minutes d'exercice par semaine! C'est trop peu, critique M. Poulin. C'est dommageable car, à cet âge, on essaie de stimuler la psychomotricité des enfants, qui sont en plein développement.»

M. Poulin ajoute que, la plupart du temps, on demande aux titulaires de maternelle de faire bouger les enfants. «Elles ne sont pas des spécialistes et elles ne sont pas toutes à l'aise avec ça», dit-il.

Plusieurs études ont pourtant démontré l'effet bénéfique de l'exercice sur les apprentissages. «Ces études montrent que plus il y a d'éducation physique, plus la réussite augmente. Des cas comme celui de la commission scolaire des Hautes-Rivières, c'est incompréhensible», commente M. Poulin.