Le projet de modification au régime pédagogique présenté au mois de février par la ministre de l'Éducation Michelle Courchesne, qui a fait couler beaucoup d'encre parce qu'il ouvrait la porte à l'enseignement les week-ends, une pratique chère aux écoles juives, sème encore la controverse.

Parce que les modifications suggérées «laissent place à beaucoup d'interprétation et à une certaine forme de confusion», plusieurs acteurs du milieu de l'éducation ont écrit cette semaine à la ministre Courchesne pour lui demander de mettre ce plan en suspens, a appris La Presse.

La Fédération québécoise des directions d'établissements d'enseignement (FQDE) craint notamment que le projet n'entraîne la disparition des écoles à vocation particulière comme celles qui offrent les programmes sport-études et international.

 

Temps indicatif

Actuellement, le régime pédagogique détermine quelles sont les matières obligatoire: français, anglais, mathématiques, éducation physique. Mais le temps à consacrer à ces matières

n'est qu'indicatif.

Dans son projet, la ministre Courchesne prescrit le nombre d'heures à consacrer aux matières obligatoires. Les élèves devront donc recevoir 720 heures de matières obligatoires au primaire et 648 heures au secondaire.

La présidente de la FQDE, Chantal Longpré, craint que cette nouvelle obligation ne tue les programmes d'enseignement particuliers. «Les écoles qui offrent des programmes particuliers modifient les heures consacrées à l'enseignement des matières obligatoires pour avoir la chance d'offrir leur concentration. Ils ne pourront plus respecter la loi», craint-elle.

L'école secondaire Félix-Leclerc, à Repentigny, offre depuis 10 ans un programme sport-études en soccer, en basketball, en natation et en plusieurs autres sports. «On retire 30% de la grille-matière pour faire place à la concentration sportive, explique le directeur de l'école, Martin Hébert. Avec les heures de cours imposées, ce ne serait plus possible. J'espère que c'est une erreur.»

M. Hébert affirme que ces programmes permettent de motiver les élèves, principalement les garçons. « Les programmes particuliers des écoles publiques permettent aussi de concurrencer le réseau privé. S'ils disparaissent, on craint un exode vers le privé »,

ajoute Mme Longpré.

Les modifications présentées par Mme Courchesne doivent être effectives à la prochaine rentrée scolaire. «C'est alarmant. Le Ministère ne voit pas tout ce que ces changements représentent pour nous», dénonce M. Hébert.

Cet avis est partagé par plusieurs acteurs du milieu de l'éducation, qui pressent la ministre de suspendre ses modifications. «Comme vous avez pu le constater, les propositions rendues publiques le 3 février (...) sont loin de faire l'unanimité au Québec», écrivent les organismes dans une lettre que La Presse a obtenue.

Au cabinet de la ministre Courchesne, on dit que les consultations avec le milieu scolaire se poursuivent jusqu'à vendredi prochain.

«La ministre prendra une décision ensuite», a expliqué l'attachée de presse de Mme Courchesne,

Tamara Davies.