Le climat des négociations ne s'améliore pas entre le gouvernement du Québec et la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), à en juger par un document de trois pages qui circulait hier sur l'internet.

Le titre du document : Idées d'actions perturbantes à utiliser lors des réunions. «Il est important de ne pas faire de photocopies de ces actions ou de les faire circuler (sic)», peut-on lire en haut de la première page.

On y trouve 30 suggestions de moyens de pression. Par exemple, l'opération «je brûle des calories» : «Tout le personnel grignote des céleris pendant la réunion en se faisant bien entendre.» Autres exemples : l'opération «ma direction m'aveugle» : «Tout le personnel porte des lunettes fumées lors de la réunion.» Il y a aussi l'opération «MP3 ou iPod» : «Chaque personne arrive à la réunion avec son MP3 ou iPod branché aux oreilles. Pour ajouter à la délinquance, vous pouvez chanter et mimer par la même occasion.»

On suggère aussi aux enseignants de jouer aux chaises musicales, de s'amuser avec un jouet ou de renverser un café. Le document se termine par cette phrase : «Notez que plusieurs de ces suggestions peuvent être jumelées, amusez-vous !»

«Je pense que ça détourne l'attention de l'objectif, qui est de négocier une bonne entente», avance Bernard Tremblay, président du Comité patronal de négociation pour les commissions scolaires francophones (CPNCF).

Rappelons que la convention collective de la FAE est échue. Le syndicat représente le tiers des enseignants francophones du Québec, dont tous ceux de Montréal, de Laval et de l'Outaouais. Il compte 32 000 membres. La FAE avait organisé mardi dernier une journée de grève contestée par le CPNCF, mais que le Conseil des services essentiels a autorisée.

Armand Dubois, porte-parole de la FAE, tient à remettre le document en contexte. «Ce sont des suggestions, ce n'est pas un mot d'ordre, précise-t-il. Le document date du 10 mai. Il a été écrit après notre sortie pour dénoncer la violence psychologique subie par les enseignants.»

Selon un sondage interne, 85% des enseignants de la FAE se disent victimes de violence psychologique ou verbale, et 50% de violence physique. «On a été étonnés de voir que la ministre n'a même pas réagi à cette question, lance M. Dubois. On s'est demandé ce qu'il fallait faire pour qu'on nous entende. On a toujours joué correct, alors on a cherché des moyens de pression qui ne touchent pas les élèves.»

Il avance que peu de membres ont suivi ces suggestions, mais n'est pas en mesure d'estimer leur nombre. «Il n'y en a sûrement pas eu beaucoup. Et il restait peu de réunions dans l'année.» Il assure que ses membres sont prêts à négocier «24 heures sur 24».

Les actions suggérées dans le document du syndicat font-elles partie de l'habituel jeu des négociations ? «La négociation ne devrait pas être un jeu, répond M. Tremblay. On peut négocier sereinement et rapidement, sans faire ce genre de gestes non constructifs.» Il cite en exemple l'entente conclue entre le gouvernement et les 60 000 membres de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE).