L'éducation au Québec s'en va à vau-l'eau, les universités sous-financées font piètre figure dans les palmarès internationaux et la bureaucratie québécoise plombe le talent. Tel est le sombre tableau brossé hier au Cercle canadien de Montréal par Heather Munroe-Blum, principale et vice-chancelière de l'Université McGill qui fait depuis des mois un pied de nez au gouvernement du Québec en allant de l'avant en offrant un MBA à 30 000$. À la table d'honneur: Michelle Courchesne, ministre de l'Éducation, qui a très chaleureusement étreint Mme Munroe-Blum sitôt son discours terminé.

L'amicale accolade entre la principale de McGill et la ministre de l'Éducation, qui détonne des déclarations très tranchées des deux camps au cours des derniers mois sur la question du MBA, témoigne-t-elle d'un règlement dans ce différend?

 

«On n'a pas changé d'idée sur le MBA et Mme Munroe-Blum le sait très bien. Il (le différend) reste entier», a dit la ministre Courchesne.

La principale de McGill a pour sa part indiqué qu'elle n'a pas reçu de lettre concernant de possibles sanctions, lesquelles, de toute façon, ne la feraient pas changer d'idée. «Il faut avoir le courage de faire la bonne chose», a-t-elle dit en entrevue, se montrant confiante de ne pas être sanctionnée par des coupes de subventions.

Le programme de MBA pour l'automne affiche déjà complet. Mme Heather Munroe-Blum a indiqué que de 20 à 25% des personnes inscrites sont québécoises.

Inquiétude

De façon plus large, dans son discours prononcé devant le Cercle canadien de Montréal, Mme Munroe-Blum a plaidé pour des droits de scolarité plus élevés, une revalorisation de l'éducation et une mise à jour des valeurs de la Révolution tranquille. Mais surtout, elle s'est montrée très inquiète.

«Au Québec, la très grande et très coûteuse bureaucratie limite l'innovation, déresponsabilise, décourage (l'émergence) de talents, de leaders et de bénévoles dévoués, et cela nuit aussi bien à la réputation des institutions et à la réputation du Québec», a dit Mme Munroe-Blum.

Elle a par ailleurs évoqué les différents palmarès et le fait que les universités canadiennes arrivent loin derrière. «Les classements ne sont pas des outils parfaits, a-t-elle dit, mais plusieurs étudiants, professeurs et employeurs s'en remettent à eux. Quand les tendances se répètent d'un classement à l'autre, elles ne peuvent être ignorées.»

À cela s'ajoute le fait que «le Québec, qui maintient ses droits de scolarité au plus bas, se classe dans la dernière moitié des provinces canadiennes quant au taux de diplomation». Le nombre de Québécoises diplômées universitaires augmente moins qu'ailleurs, et «dans le cas des hommes, ce n'était que de 13%, à l'avant-dernier rang (des provinces canadiennes)».

«J'ai beaucoup aimé son discours», a dit la ministre Courchesne. Elle ne fait pas que demander de l'argent. Elle rappelle l'importance pour la société de soutenir le réseau universitaire. Elle se fixe des objectifs de qualité d'enseignement et de recherche que nous partageons.»