Le nombre d'inscriptions à l'éducation des adultes ne cesse d'augmenter dans la grande région de Montréal. À un point tel que plusieurs classes débordent puisqu'il n'y a pas de rapport élèves-professeurs dans ce secteur. Dans certaines classes, on peut compter jusqu'à 50 élèves pour un seul enseignant. L'Alliance des professeurs de Montréal estime que cette situation est inacceptable et espère que la prochaine convention collective, attendue cet été, y mettra un frein.

En 2007-2008, 21 259 élèves étaient inscrits aux 16 centres d'éducation des adultes de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), soit 7% de plus qu'en 2004-2005. Plusieurs de ces élèves étudient à temps partiel mais, si l'on compte les «équivalents temps plein», le nombre d'inscriptions est passé de 6622 à 7740 durant la même période.

La même situation a été observée à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB). En 2007-2008, la formation générale des adultes comptait 7014 équivalents temps plein, et 7802 l'année suivante. «On note une hausse avec la récession», affirme la porte-parole de la CSMB, Brigitte Gauvreau.

Le porte-parole de la CSDM, Alain Perron, confirme que cette hausse s'explique en grande partie par la crise économique qui touche le Québec. «Lors d'une récession, les gens cherchent à se qualifier en terminant leurs études pour changer de domaine ou améliorer leur situation», explique M. Perron.

La totalité des élèves inscrits à la formation des adultes ont plus de 16 ans. «On compte beaucoup de décrocheurs. Il y a des personnes plus âgées aussi, qui veulent regagner le marché du travail. La composition des classes est très hétéroclite. Et puisqu'il n'y a pas de ratios, le nombre d'élèves atteint parfois 50 dans ces classes», explique le porte-parole de l'Alliance des professeurs de Montréal, Yves Parenteau.

Enseignant aux adultes à la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, Pierre Lanthier note aussi une augmentation de la clientèle. «Depuis la récession, nos classes sont pleines ! On a des classes de 40 élèves en moyenne. Parmi eux, il y a plusieurs élèves en troubles d'apprentissage, mais on ne sait pas lesquels», a expliqué cet enseignant lors de la manifestation des enseignants, le 8 juin dernier.

Une recherche menée par l'Université du Québec à Trois-Rivières avait déjà estimé que jusqu'à 60% des jeunes inscrits à la formation générale des adultes auraient été classés comme élèves en difficulté d'apprentissage à l'école ordinaire. Mais ces élèves ne reçoivent plus de services spécialisés à l'éducation des adultes.

La directrice de l'Institut de coopération pour l'éducation des adultes (ICEA), Dominique Ollivier, affirme que le bilan du Plan d'action gouvernemental 2002-2007 en matière d'éducation des adultes n'a pas encore été publié par Québec. Le plan d'action 2008-2013 est lui aussi toujours attendu.

«Ça tarde. On est maintenant sceptique. On ne sait plus vraiment si ce sera publié», dit-elle.

Un plan à l'automne

La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, reconnaît que le Plan d'action a pris du retard. Mais elle explique que des délais se sont ajoutés à la suite de la Rencontre économique 2010 qui s'est tenue à Lévis en janvier. À l'occasion de ce sommet, le premier ministre a confié à la ministre Courchesne et au ministre de l'Emploi, Sam Hamad, le mandat d'améliorer l'arrimage entre la formation professionnelle et le monde du travail.

«On s'est aperçu que les besoins de chaque région varient grandement et que c'est plus complexe», explique Mme Courchesne.

La ministre annonce que le Plan d'action sera dévoilé à l'automne, et qu'il répondra aux besoins des régions et offrira un meilleur arrimage entre le milieu du travail et de l'éducation. La Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), qui représente surtout des enseignants de l'extérieur de la grande région de Montréal et qui a signé une entente sectorielle avec Québec il y a une semaine, a quant à elle obtenu 2 millions de dollars afin de diminuer les rapports élèves-enseignants à la formation des adultes.

«On a aussi obtenu que les services aux élèves en difficulté continuent à l'éducation des adultes», explique la vice-présidente de la FSE, Manon Bernard.

Pour sa part, la Fédération autonome de l'enseignement, à laquelle est affiliée l'Alliance des professeurs de Montréal, négocie toujours activement avec le gouvernement. «L'établissement d'un ratio maximum à l'éducation des adultes fait partie de nos principales revendications», mentionne M. Parenteau.

La ministre annonce que le Plan d'action sera dévoilé à l'automne, et qu'il répondra aux besoins des régions et offrira un meilleur arrimage entre le milieu du travail et de l'éducation