En cette veille de rentrée scolaire à Montréal, des enseignants disent «nager toujours dans le flou» avec le renouveau pédagogique. Ils soutiennent qu'ils ne savent pas sur quoi ils devront évaluer leurs élèves cette année, ni même s'il y aura des examens ministériels obligatoires au printemps.

La semaine dernière, la nouvelle ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a annoncé qu'elle repoussait d'un an l'implantation du bulletin unique et qu'un nouveau cadre d'évaluation des apprentissages serait présenté à la fin d'octobre.

«On a salué cette décision. On s'attend à ce que les programmes soient modifiés pour faire place au retour des connaissances. Mais en attendant, les enseignants ne savent pas vraiment ce qui s'en vient cette année», affirme le président de l'Alliance des professeurs de Montréal, Alain Marois.

Si les programmes sont modifiés en octobre, les enseignants devront vraisemblablement modifier leurs évaluations. Mais devront-ils le faire dès cette année? «On ne sait rien... C'est difficile de se préparer», déplore Nathalie Lecours, qui enseigne le français en deuxième secondaire à l'école Joseph-François-Perreault à Montréal.

Beaucoup de questions subsistent aussi au sujet des examens ministériels. Depuis deux ans, soit depuis l'arrivée en quatrième secondaire de la première cohorte d'élèves du renouveau pédagogique, il n'y a plus d'examens ministériels obligatoires; seulement des épreuves facultatives.

«Improvisation»

Cette année, le gouvernement promet le retour des examens ministériels obligatoires.

«Le report du bulletin unique n'aura aucune incidence sur les examens. Il y aura des épreuves uniques obligatoires en juin 2011», assure la porte-parole du ministère de l'Éducation (MELS), Ahissia Ahua.

«Sur le terrain, on nous dit au contraire qu'il y aura encore cette année des épreuves facultatives, mais que voulez-vous? La réforme a toujours amené son lot d'improvisation», dit René Nault, qui enseigne les sciences en quatrième secondaire à l'école Joseph-François-Perreault.

M.Nault souhaite le retour des examens obligatoires, car le MELS n'a pas compilé les résultats des examens facultatifs. «Donc, depuis deux ans, on ne peut plus comparer les élèves entre eux», déplore M.Nault.

Il aimerait obtenir rapidement plus d'information sur les évaluations de cette année afin de bien se préparer. En attendant d'être fixé, M.Nault dit qu'il fait de son mieux.

«Depuis le début de la réforme, on bouscule les profs, on leur donne les livres en retard, on les force à s'adapter à la dernière minute. C'est encore le cas», note M.Marois.