Au Québec, seulement 12% des enseignants du primaire sont des hommes. Et si on ne compte pas les profs d'éducation physique ou d'anglais, le pourcentage d'hommes baisse à 8%. Et la situation n'est pas près de s'améliorer: encore cette année, la proportion d'hommes inscrits au baccalauréat en enseignement primaire est faible.

À l'Université du Québec à Montréal, 241 femmes et seulement 19 hommes étaient inscrits au baccalauréat d'enseignement primaire en juin, soit à peu près les mêmes chiffres qu'en 2008. Cette stagnation est aussi observée à l'Université de Sherbrooke (19 hommes inscrits) et à l'Université de Montréal (une vingtaine d'inscriptions).

Doctorant en sciences de l'éducation à l'Université de Montréal, Simon Lamarre se penche sur ce désintérêt des hommes pour l'enseignement. Le phénomène est plus accentué au Québec qu'en Ontario (20% d'enseignants masculins au primaire) ou en France (27%, préscolaire inclus).

Selon M. Lamarre, différents facteurs rebutent les hommes qui envisagent une carrière d'enseignant: «Le peu de prestige social de la profession, la rémunération insuffisante, la perception négative du métier d'enseignant et le milieu à prédominance féminine sont quelques facteurs.»

Plusieurs hommes redoutent aussi les accusations à caractère sexuel. «On est plus exposé à ces accusations si on travaille dans une école que si on est programmeur de jeu vidéo», avance Égide Royer, psychologue et chercheur à l'Université Laval.

M. Royer s'intéresse lui aussi à la faible représentation des hommes dans le milieu de l'éducation et au lien à établir avec le faible taux de réussite des écoliers québécois. «Trente-cinq pour cent des garçons n'ont pas de diplôme de cinquième secondaire à 20 ans! Et 69,2% des élèves en adaptation scolaire sont des garçons. Ils ne pourront certainement pas devenir enseignants et augmenter la représentation masculine dans le métier!» remarque M. Royer, qui présentera sous peu des solutions pour améliorer la réussite des garçons à l'école.