Le président de la Fédération des cégeps, Gaëtan Boucher, accuse le ministère de l'Éducation (MELS) de ne plus posséder d'expertise en matière d'enseignement collégial.

Selon M. Boucher, la décision du gouvernement de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite a eu pour conséquence d'éliminer les employés compétents à Québec. «Il n'y a plus d'expertise au MELS en éducation collégiale. C'est bien simple, on ne peut plus nous donner un coup de main à Québec», affirme M. Boucher.

Plutôt que d'agir pour réellement améliorer l'éducation collégiale, le MELS bombarde les cégeps de demandes de comptes, selon M. Boucher. «On nous demande des rapports et des comptes rendus sur tout», dit-il.

M. Boucher raconte par exemple qu'il y a quelques mois, les 48 cégeps de la province ont reçu une subvention de 6000$ chacun afin de promouvoir de saines habitudes de vie. «Les cégeps ont fait différentes activités, comme des dégustations de tofu. Eh bien! imaginez-vous donc que, à la fin de l'année, le Ministère nous a demandé de lui écrire en détail ce qu'on avait fait avec les 6000$. Je comprends qu'on demande des comptes pour des dépenses de millions. Mais pour 6000$?»

M. Boucher déplore notamment que les cégeps aient consacré quasiment l'équivalent de la subvention à la préparation de ce fameux rapport. «Le système n'a plus d'expertise sur les cégeps. Quand tu n'as plus d'expertise, tu demandes des rapports!» affirme M. Boucher.

En plus des documents à remettre au MELS, les cégeps sont assujettis à 11 lois, 13 règlements, 95 annexes budgétaires et 56 directives. Dans les mois à venir, la Fédération souhaite sensibiliser le Ministère à sa situation.

Augmentation de la clientèle

Alors que la Fédération des cégeps appréhendait l'an dernier une baisse de clientèle, on signale plutôt une hausse de 2,2% du nombre d'élèves cette année. L'augmentation est particulièrement marquée dans les régions de Montréal (3,3%), des Laurentides (6%) et de Lanaudière (6,6%).

M. Boucher croit que cette augmentation s'explique en partie par la situation économique difficile, qui encourage les jeunes adultes à retourner sur les bancs d'école. Le fait que le taux de placement soit de 100% dans plusieurs secteurs, comme les sciences infirmières ou l'inhalothérapie, attire aussi plusieurs candidats.

«Mais la projection voulant que l'on perde 30 000 élèves d'ici à 2021 est toujours valable», précise-t-il.

L'arrivée au cégep de la première cohorte d'élèves de la réforme n'inquiète pas outre mesure M. Boucher. «Mais nous ne baisserons pas nos exigences pour eux et nous surveillerons ça de près», dit-il.

La Fédération des cégeps compte aussi profiter des forums sur l'éducation prévus à l'automne pour discuter de l'essor des formations techniques et professionnelles et de la formation continue.

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La rentrée 2010

> Nombre d'élèves inscrits au cégep cette année: 172 518

> 49,6% au secteur préuniversitaire

> 45,5% au secteur technique

> 57,8% des élèves sont des filles et 42,2% des garçons